Ils sont de ceux que j'aime le plus au monde. Ils sont comme ils sont et je les aime. Parfois je les changerais, souvent je n'approuve pas leurs dires ou leurs actions, mais je les aime et c'est tout.
Je me trouve chanceuse d'avoir grandit avec deux frères. On en a eu des querelles, on se seraient parfois tués, oh que oui.... et on en a encore des heurts, des désaccords, des malentendus, des froids. Puis on se rappelle pourquoi on s'aime et on passe par-dessus ces merdes, qui parfois ont faites très mal, faut l'avouer. Je n'ai pas de rancune de mon côté. Eux, je ne sais pas.
On grandit avec un certain cadre d'éducation, d'amour, d'indifférence parfois. On a manqué de notre père, de notre mère, des yeux approbateurs de ceux-ci, de leurs encouragements, de transmission de valeurs qui à nos yeux d'adultes sont plus importantes que ce qu'elles étaient pour eux, de leur présence simplement. Ils avaient leur vie eux aussi, mais ça on ne le savait pas. Ils devaient travailler fort pour nous permettre de dormir au chaud, de remplir le frigo, de nous offrir ce qu'il y avait de mieux à leurs yeux. On ne leurs a pas offert des rejetons à admirer pour ce que la société vénère, soit : un talent exceptionnel d'athlète ou un métier de grandes études, et on le regrète. Nous étions tout ce qu'il y avait de plus ordinaires comme personnes, moi et mes frères.
Mes frères ont fort probable eux aussi leurs manques à l'intérieur, leur vide, leurs besoins inassouvissables, qu'ils semblent de leur côté étouffer par autre chose que ce que je fais du mien. Mais ces choses-là on n'en parle pas. Je les connais beaucoup ces deux grands et beaux gaillards, mais je ne les connais pas. De mon côté, je me suis beaucoup coupée de ce monde absurde, coupée des relations humaines étouffantes et décevantes, des activités illusoires, même de ma spiritualité qui était autrefois bien vivante. Je croyais que ce serait mieux.
Je suis le résultat d'un bagage génétique reçu, mêlé à une expérience relationnelle et générationnelle assez moyenne. Ça a donné un fouilli de frustrations et d'explosions passagères. C'est mon joug.
Mes frères je les aime, même si parfois je les déteste, même si parfois ils me détestent. Je n'arrive pas à leur exprimer cet amour, mes regrets, ma honte parfois oui, mon incompréhension, ma douleur de vivre, mais une chose est sûre c'est que mes frères je les aime.
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