vendredi 25 juin 2010

Cette mort qu'on ne contrôle pas

La chute libre de l'avion en panne de moteur doit être le moment le plus terrifiant qu'un être humain puisse vivre avant de mourir. Après la chute libre en montgolfière et celle en parachute lorsque le tissu de secours a refusé de s'ouvrir. Ces instants doivent être carrément mortifiants, paralysants, horrifiants.

On a reçu un beau cadeau moi et mon chum, ce dernier Noël. Le type de cadeau qu'on reçoit rarement. Un cadeau excitant. Un truc qu'on ne se serait jamais payé. Puis quand est venu le temps d'utiliser ces fameux billets qui nous donnaient droit à une envolée en montgolfière, j'ai eu la trouille. Je m'étais déjà envolée dans un de ces gros ballons jonchés sur panier d'osier, il y a de cela plus de quinze ans. Ma perception à ce moment-là était toute autre : jamais il ne m'était passé par la tête que je pourrais en mourir. L'innocence de la jeunesse, l'excitation du moment, aucune responsabilité. Mais ce coup-ci ce n'était pas pareil.

Aussitôt qu'on est décollés de terre, des sentiments complètement contradictoires m'ont envahit.

Wow, l'humain est très méthodique dans sa façon de désigner les lots de terrains résidentiels - 70 000$ / 5000 pi2 - coupés comme des petits morçeaux de gâteau, un vrai chef-d'oeuvre je vous le dis. Les routes toutes aussi perpendiculaires les unes que les autres, les immenses espaces réservés pour l'alimentation humaine, les regroupements de maisons afin de faciliter le marchandage. Il faut voir tout cela du ciel pour en constater l'ingéniosité. Et vu de la montgolfière comme ça, sans aucune barrière imposée par l'avion, le vent en poupe, l'univers brut comme si l'on faisait du naturisme ; l'expérience était tout simplement sensationnelle.

Le côté sombre en moi m'a ramené à la réalité pour me faire analyser froidement le «chauffeur» de cette navette de pur bonheur. Quelques questions pour un jugement rapide de la vivacité de celui-ci ont éveillées le côté rationnel et obscur de mon esprit. Et si la flamme qui alimente l'air du ballon s'en prenait à celui-ci ? Et si la mécanique de cette flamme faisait défaut ? Et si un infime trou dans le tissu devenait mortellement grand pour une X raison ? Et si une ligne électrique dont on n'est pas capable d'éviter de suplomber avait raison de nous, au cas où la mécanique de la flamme faisait défaut ? Et si le gars en question était un meurtrier suicidaire ? Et si un météorite nous avait pour cible ? Je m'imaginais déjà en chute libre, impuissante, désaxée... L'horreur des derniers instants, la frayeur des secondes avant d'arriver sur ce sol meurtrier, qui était jadis havre de sécurité. Enfin bref, des pensées complètement farfelues pour certains de mes coéquipiers de vol qui voyaient l'affaire, bière au bec, comme étant très simplement inoffensive.

Il y a deux jours, sept personnes ont perdues la vie dans l'«accident» d'un Beechraft King Air 100, petit avion jugé unanimement comme étant très sécuritaire. La consternation ici à québec. On a rit de moi quand j'ai extériorisée ma peur de mourir avant d'aller prendre ce vol de montgolfière, moyen de transport plaisancier étant jugé très «sécuritaire» lui aussi.

Pourquoi eux ont-ils périt et pas moi ??

Et ah oui.... Halak n'aurait JAMAIS dû être échangé.

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