vendredi 2 juillet 2010

Vices

On a tous un côté sombre, un côté laid et vulnérable. On le cache, on l'étouffe, on voudrait qu'il nous sorte du corps, l'extirper de nos entrailles, le vomir de notre bouche. Mais il est là pour rester et on doit apprendre à vivre avec.

Certains essaient de l'acheter, d'autres de le jouer. Certains le boivent, d'autres se l'injectent dans les veines. Certains vont consommer la chair comme de la viande crue, d'autres vont essayer d'être des personnes qu'ils n'ont pas eu la chance d'être. On est comme ça l'humain, jamais assez, toujours plus, encore plus, plus jamais. Que ceux qui osent s'opposer aillent se cacher.

On garde ce côté bien gentiement camouflé. On le dissimule derrière notre belle maison payée 150 000$ joliement décorée et qui fièrement repose sur un terrain de 75 000$ payé à crédit, on sort de cette maison et on se cache vite dans notre belle voiture de 25 000$, on va manger dans les restos qu'on peine à se payer et on laisse un généreux pourboire au serveur pour qu'il sache que nous on a réussi dans la vie. On passe des heures dans les salles de gym à essayer d'atteindre ce fameux poids-bonheur, cette silhouette qui nous donnera la confiance et le regard tant approbateur des autres, on dépense des milliers de dollars -à crédit- dans tous ces petits pots de crème et de couleurs qui nous promettent jeunesse éternelle et amour. Vanité. L'humain est tellement préoccupé par son apparence lorsqu'il sort dans la rue, qu'il oublie que cette même personne de qui il peine le jugement est elle aussi trop hantée par la peur de se que l'autre pense, pour prendre le temps de juger cette dite personne. Enfin.

Son pire ennemi, c'est soi-même. Ce soi qu'on aime oui, qu'on déteste parfois, qu'on veut changer trop souvent, qu'on voudrait voir disparaître, qu'on cherche à comprendre, qu'on peste, qu'on étourdi, qu'on cache. Fondamentalement insatiable. Les vices sont l'oeuvre de la misère humaine. Ils nous aident à passer au travers le quotidien, les épreuves. Ils sont nos amis. On les aime et on ne veut pas s'en défaire. On les aime parfois plus que nos amis humains, que notre famille, que notre compagnon de vie. Ils sont puissants, attrayants, exutoires.

Les vices éveillent en nous des sentiments complètement antonymes, et l'humain ne pourra jamais s'en défaire.

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