lundi 5 juillet 2010

Parents «butchés» ; rejetons «butchés»

Je ne dors pas. Je repasse maintes et maintes fois le film de ma vie dans ma tête et je n'arrive pas à sombrer dans le sommeil ce soir, moi qui habituellement m'éteint aussitôt que je mets ma couette sur l'oreiller. Je ne fais fort probable plus partie des favoris de l'ordinateur de mes lecteurs ; je suis trop fuckée, trop dark. Je vais donc me laisser aller comme il le faut à mes émotions et à ce que je dois extirper de mon corps à tout prix pour survivre, sans me soucier de leur jugement. Je vais écrire pour moi. Voilà.

J'ai longtemps pensé que j'avais eu une enfance tendre. Je ne suis pas née dans la pauvreté, mes parents avaient de bonnes valeurs, j'ai toujours eu des notes correctes à l'école, je n'ai pas vécu de traumatismes du genre abus physiques ou sexuels. Bref je jugeais, en me comparant aux autres, que j'étais chanceuse. Jusqu'à un âge adulte assez avancé, j'y ai cru dur comme fer. Mes parents se sont séparés lorsque j'avais dix-sept ans, mais des années plus tard je croyais encore que j'avais été choyée par mon enfance.

Mes relations avec les hommes ont toujours été houleuses, jusqu'à ce que je rencontre mon amoureux présent à l'âge de vingt-et-un ans. Pour tout vous dire j'ai été très chanceuse de tomber sur lui. Il m'apportera beaucoup d'amour, de patience, de stabilité émotionnelle et psychologique, d'humour, d'estime de moi-même. Je n'avais aucune difficulté à faire tomber les hommes amoureux de moi plus jeune, mais ils me larguaient tous les uns après les autres dès qu'ils s'appercevaient de qui j'étais vraiment à l'intérieur. Depuis, je me suis rendue compte que : bon Dieu que j'ai été ratée comme personne ! Mes parents m'ont ratés. Certes je suis consciente qu'on ne peut pas donner ce qu'on n'a pas reçu, on mettait des enfants au monde en série dans leur temps et on ne s'en occupait pas, mais j'en ai été moi aussi victime par ricochet et je dois maintenant apprendre à vivre avec cette personne qu'on a façonnée tout croche dans son enfance.

J'ai longtemps pardonné à mon père d'avoir été absent, tout croche lui aussi, impatient, autoritaire, dictateur, narcissique. Je trouvais qu'il avait souvent raison. Il avait bâti son entreprise à partir de rien, il recherchait la vérité à propos de la création du monde et pour tout ça je l'admirais. Puis en vieillissant, je me suis rendue compte à quel point il ne s'était jamais intéressé à nous, ses enfants. Il condamne les gestes de tous et chacun avec beaucoup de haine. Il a tellement de cette haine en-dedans de lui qu'il est impossible d'être soi-même en sa présence. On a trop peur de ce qu'il va en penser et aller raconter lorsqu'on ne sera plus là. Il est le seul à tout faire correctement dans la vie : implorer Dieu, manger végétarien, garder jalousement sa richesse, marier des étrangères de pays sous-développés qu'il a rencontré via l'internet et vu qu'une seule fois, parce que ces femmes-là elles sont tellement de bonnes-petites-femmes-bien-soumises, et elles l'aiment pour les bonnes raisons...

Aujourd'hui j'ai une peur bleue de l'autorité, de mon boss au travail, qui pourtant est probablement le meilleur de la terre. J'ai peur. Peur d'être balancée à la première erreur, peur d'être jugée pour ce que je pense. Allez voir pouquoi je traîne cette merde dans mon baluchon. Aujourd'hui mon père, tout juste depuis que j'ai ma propre petite fille et que je vois agir mon homme avec elle, je n'ai plus la même vision que j'ai eu jadis de lui. Il ne m'a jamais profondément aimée lui, alors pourquoi je me forcerais tant à lui trouver des qualités et à l'aimer, moi ?

Aujourd'hui, je suis une dépendante affective. J'ai peur de la solitude, j'ai peur de moi-même. On ne m'a jamais enseigné que j'étais digne de l'amour qu'on pouvait me porter. Alors me voilà, à ce tournant de ma vie ou je suis moi-même devenue responsable du futur d'une petite personne. Et j'ai peur, encore, toujours. J'ai besoin de comprendre tout ce bagage en moi ancré qui me hante, qui me tient pieds et mains liés, qui me donne des idées sombres. Je ne veux pas transmettre cet horreur à d'autres humains. Surtout pas à des créatures qui sont le fruit de mon ventre, de mon sang, de ma génétique, de mon amour. J'ai appris l'amour à l'âge adulte, et c'est trop dur pour que qui que ce soit que j'aime ne doivent en répéter l'expérience.

Aujourd'hui, je ne veux plus être la victime, j'ai mis le doigt sur la cause de mes tourments et je dois apprendre à arrêter d'avoir mal.

Aujourd'hui, je veux me réapproprier ma vie.

1 commentaire:

  1. Tu es toujours dans mes favoris, mais ne cesse pas d'écrire pour toi, c'est la bonne chose à faire. Pour le reste, je t'admire et te souhaite bon courage, parce que réaliser une chose de cette ampleur... c'est quelque chose...

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