mercredi 14 juillet 2010

Dualité

J'aime faire ce que je veux quand je le veux et je n'aime pas qu'on me gêne dans mes ambitions. J'ai été chanceuse, j'ai eu des frères plus vieux qui ont «cassés» un peu l'autorité parentale, ce qui a fait que j'ai eu droit à un peu plus de passe-droits à l'adolescence.

J'ai toujours été une fille assez rebelle. Je voulais des copains plus âgés que moi qui habitaient le vieux-québec en appartement, je trouvais ça cool. Je découchais sans permission sous prétexte que je m'étais endormie, j'ai eu des tas de piercings ici et là, les cheveux bleechés, un tatouage très -trop- évident dont je regrette amèrement les stigmates aujourd'hui. J'ai toujours aimé les soirées très arrosées de toutes sortes d'alcools qui m'étourdissaient tous autant les uns que les autres. Je ne suis pas très sociable, les gens m'énervent en général, alors j'utilisais ce moyen pour me rapprocher des gens, ou bien pour les laisser s'approcher de moi, eux. Je suis partie à l'aventure dans l'ouest canadien pendant un an à l'âge de dix-huit ans, seule avec ma vieille Ford Escort blanche immatriculée EYE 188 que mes parents m'avaient payée à l'époque, espérant repousser règles familliales, études et responsabilités. J'étais relativement jolie, alors je m'en sortais plutôt bien. J'aimais défier l'autorité et m'en éloigner, même si au fond de moi j'avais la trouille.

J'ai toujours été une bonne fille. J'étudiais juste assez pour avoir de bonnes notes à l'école, je travaillais pour gagner mon argent de poche, je m'habillais avec des vêtements respectables, je protégeais mes relations sexuelles. Je me suis fais baptiser à dix-neuf ans. Je suis partie de chez mes parents à un âge raisonnable, vingt-deux ans, ai toujours eu des relations relativement stables avec les garçons ; je me suis d'ailleurs bâtie une petite famille issue d'une longue relation. J'écoutais ce que mes parents me disaient et je savais très bien au fond qu'il serait mieux pour moi de faire ce qu'ils me disaient.

Cette dualité en moi, je ne la comprends pas trop. Règle générale, on est soit gentil, soit pas, mais moi je ne suis pas capable de me ranger d'un côté ou l'autre. Même à trente ans, une maison, un enfant, je suis toujours la même. Je serai toujours la même. On ne change pas. On vieillit en âge, en maturité oui, mais on ne change pas vraiment. Toute petite, quand je m'imaginais à trente ans, jamais je n'aurais osé penser que je serais celle que je suis aujourd'hui. Toujours aussi adolescente. Se conformant juste assez pour faire fonctionner sa vie sur le sens du monde, à la manière imposée par la société.

Dans le fond, je suis plutôt une bonne fille qu'une marginale. Je fais mes paiements, prépare mes purées maison pour ma petite fille, composte mes résidus de table, tond ma pelouse, cultive mes légumes, avale des poudres de vitamines et minéraux, recycle mes canettes, cours sur mon tapis-roulant. Reste qu'en moi survivra toujours la fille qui a besoin de sa liberté totale de temps en temps, qui aime profiter de ce que l'argent peut procurer, s'enivrer, déroger, abuser, oublier.

Cette dualité, je l'aime bien et même si les gens peuvent parfois me condamner je n'en ai rien à cirer.

2 commentaires:

  1. Loin de moi l'idée de te condamner, nous sommes étrangement du même bois.

    J'ai été bon étudiant, un bon fils, je suis un bon collègue, un bon travailleur bien travaillant, mais pourtant, lorsque je ferme la porte derrière moi en arrivant le soir, la bête se réveille.

    Je comprends cette dualité entre les bonnes moeurs "imposées" et ce que nous sommes réellement.

    Nous sommes condamnés, jugés, pointés du doigt, mais jamais, au grand jamais, devons cesser d'être pour être ce que les autres n'osent eux-mêmes s'avouer.

    "Ce qu'il y a d'embêtant avec la morale, c'est que c'est toujours la morale des autres" Ferré

    Merci pour ce texte.

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  2. Merci pour tes commentaires ! Toujours appréciés ;)

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