Ils sont de ceux que j'aime le plus au monde. Ils sont comme ils sont et je les aime. Parfois je les changerais, souvent je n'approuve pas leurs dires ou leurs actions, mais je les aime et c'est tout.
Je me trouve chanceuse d'avoir grandit avec deux frères. On en a eu des querelles, on se seraient parfois tués, oh que oui.... et on en a encore des heurts, des désaccords, des malentendus, des froids. Puis on se rappelle pourquoi on s'aime et on passe par-dessus ces merdes, qui parfois ont faites très mal, faut l'avouer. Je n'ai pas de rancune de mon côté. Eux, je ne sais pas.
On grandit avec un certain cadre d'éducation, d'amour, d'indifférence parfois. On a manqué de notre père, de notre mère, des yeux approbateurs de ceux-ci, de leurs encouragements, de transmission de valeurs qui à nos yeux d'adultes sont plus importantes que ce qu'elles étaient pour eux, de leur présence simplement. Ils avaient leur vie eux aussi, mais ça on ne le savait pas. Ils devaient travailler fort pour nous permettre de dormir au chaud, de remplir le frigo, de nous offrir ce qu'il y avait de mieux à leurs yeux. On ne leurs a pas offert des rejetons à admirer pour ce que la société vénère, soit : un talent exceptionnel d'athlète ou un métier de grandes études, et on le regrète. Nous étions tout ce qu'il y avait de plus ordinaires comme personnes, moi et mes frères.
Mes frères ont fort probable eux aussi leurs manques à l'intérieur, leur vide, leurs besoins inassouvissables, qu'ils semblent de leur côté étouffer par autre chose que ce que je fais du mien. Mais ces choses-là on n'en parle pas. Je les connais beaucoup ces deux grands et beaux gaillards, mais je ne les connais pas. De mon côté, je me suis beaucoup coupée de ce monde absurde, coupée des relations humaines étouffantes et décevantes, des activités illusoires, même de ma spiritualité qui était autrefois bien vivante. Je croyais que ce serait mieux.
Je suis le résultat d'un bagage génétique reçu, mêlé à une expérience relationnelle et générationnelle assez moyenne. Ça a donné un fouilli de frustrations et d'explosions passagères. C'est mon joug.
Mes frères je les aime, même si parfois je les déteste, même si parfois ils me détestent. Je n'arrive pas à leur exprimer cet amour, mes regrets, ma honte parfois oui, mon incompréhension, ma douleur de vivre, mais une chose est sûre c'est que mes frères je les aime.
dimanche 27 juin 2010
vendredi 25 juin 2010
Cette mort qu'on ne contrôle pas
La chute libre de l'avion en panne de moteur doit être le moment le plus terrifiant qu'un être humain puisse vivre avant de mourir. Après la chute libre en montgolfière et celle en parachute lorsque le tissu de secours a refusé de s'ouvrir. Ces instants doivent être carrément mortifiants, paralysants, horrifiants.
On a reçu un beau cadeau moi et mon chum, ce dernier Noël. Le type de cadeau qu'on reçoit rarement. Un cadeau excitant. Un truc qu'on ne se serait jamais payé. Puis quand est venu le temps d'utiliser ces fameux billets qui nous donnaient droit à une envolée en montgolfière, j'ai eu la trouille. Je m'étais déjà envolée dans un de ces gros ballons jonchés sur panier d'osier, il y a de cela plus de quinze ans. Ma perception à ce moment-là était toute autre : jamais il ne m'était passé par la tête que je pourrais en mourir. L'innocence de la jeunesse, l'excitation du moment, aucune responsabilité. Mais ce coup-ci ce n'était pas pareil.
Aussitôt qu'on est décollés de terre, des sentiments complètement contradictoires m'ont envahit.
Wow, l'humain est très méthodique dans sa façon de désigner les lots de terrains résidentiels - 70 000$ / 5000 pi2 - coupés comme des petits morçeaux de gâteau, un vrai chef-d'oeuvre je vous le dis. Les routes toutes aussi perpendiculaires les unes que les autres, les immenses espaces réservés pour l'alimentation humaine, les regroupements de maisons afin de faciliter le marchandage. Il faut voir tout cela du ciel pour en constater l'ingéniosité. Et vu de la montgolfière comme ça, sans aucune barrière imposée par l'avion, le vent en poupe, l'univers brut comme si l'on faisait du naturisme ; l'expérience était tout simplement sensationnelle.
Le côté sombre en moi m'a ramené à la réalité pour me faire analyser froidement le «chauffeur» de cette navette de pur bonheur. Quelques questions pour un jugement rapide de la vivacité de celui-ci ont éveillées le côté rationnel et obscur de mon esprit. Et si la flamme qui alimente l'air du ballon s'en prenait à celui-ci ? Et si la mécanique de cette flamme faisait défaut ? Et si un infime trou dans le tissu devenait mortellement grand pour une X raison ? Et si une ligne électrique dont on n'est pas capable d'éviter de suplomber avait raison de nous, au cas où la mécanique de la flamme faisait défaut ? Et si le gars en question était un meurtrier suicidaire ? Et si un météorite nous avait pour cible ? Je m'imaginais déjà en chute libre, impuissante, désaxée... L'horreur des derniers instants, la frayeur des secondes avant d'arriver sur ce sol meurtrier, qui était jadis havre de sécurité. Enfin bref, des pensées complètement farfelues pour certains de mes coéquipiers de vol qui voyaient l'affaire, bière au bec, comme étant très simplement inoffensive.
Il y a deux jours, sept personnes ont perdues la vie dans l'«accident» d'un Beechraft King Air 100, petit avion jugé unanimement comme étant très sécuritaire. La consternation ici à québec. On a rit de moi quand j'ai extériorisée ma peur de mourir avant d'aller prendre ce vol de montgolfière, moyen de transport plaisancier étant jugé très «sécuritaire» lui aussi.
Pourquoi eux ont-ils périt et pas moi ??
Et ah oui.... Halak n'aurait JAMAIS dû être échangé.
On a reçu un beau cadeau moi et mon chum, ce dernier Noël. Le type de cadeau qu'on reçoit rarement. Un cadeau excitant. Un truc qu'on ne se serait jamais payé. Puis quand est venu le temps d'utiliser ces fameux billets qui nous donnaient droit à une envolée en montgolfière, j'ai eu la trouille. Je m'étais déjà envolée dans un de ces gros ballons jonchés sur panier d'osier, il y a de cela plus de quinze ans. Ma perception à ce moment-là était toute autre : jamais il ne m'était passé par la tête que je pourrais en mourir. L'innocence de la jeunesse, l'excitation du moment, aucune responsabilité. Mais ce coup-ci ce n'était pas pareil.
Aussitôt qu'on est décollés de terre, des sentiments complètement contradictoires m'ont envahit.
Wow, l'humain est très méthodique dans sa façon de désigner les lots de terrains résidentiels - 70 000$ / 5000 pi2 - coupés comme des petits morçeaux de gâteau, un vrai chef-d'oeuvre je vous le dis. Les routes toutes aussi perpendiculaires les unes que les autres, les immenses espaces réservés pour l'alimentation humaine, les regroupements de maisons afin de faciliter le marchandage. Il faut voir tout cela du ciel pour en constater l'ingéniosité. Et vu de la montgolfière comme ça, sans aucune barrière imposée par l'avion, le vent en poupe, l'univers brut comme si l'on faisait du naturisme ; l'expérience était tout simplement sensationnelle.
Le côté sombre en moi m'a ramené à la réalité pour me faire analyser froidement le «chauffeur» de cette navette de pur bonheur. Quelques questions pour un jugement rapide de la vivacité de celui-ci ont éveillées le côté rationnel et obscur de mon esprit. Et si la flamme qui alimente l'air du ballon s'en prenait à celui-ci ? Et si la mécanique de cette flamme faisait défaut ? Et si un infime trou dans le tissu devenait mortellement grand pour une X raison ? Et si une ligne électrique dont on n'est pas capable d'éviter de suplomber avait raison de nous, au cas où la mécanique de la flamme faisait défaut ? Et si le gars en question était un meurtrier suicidaire ? Et si un météorite nous avait pour cible ? Je m'imaginais déjà en chute libre, impuissante, désaxée... L'horreur des derniers instants, la frayeur des secondes avant d'arriver sur ce sol meurtrier, qui était jadis havre de sécurité. Enfin bref, des pensées complètement farfelues pour certains de mes coéquipiers de vol qui voyaient l'affaire, bière au bec, comme étant très simplement inoffensive.
Il y a deux jours, sept personnes ont perdues la vie dans l'«accident» d'un Beechraft King Air 100, petit avion jugé unanimement comme étant très sécuritaire. La consternation ici à québec. On a rit de moi quand j'ai extériorisée ma peur de mourir avant d'aller prendre ce vol de montgolfière, moyen de transport plaisancier étant jugé très «sécuritaire» lui aussi.
Pourquoi eux ont-ils périt et pas moi ??
Et ah oui.... Halak n'aurait JAMAIS dû être échangé.
mardi 22 juin 2010
De l'humour et du plaisir
Mon cerveau n'est pas programmé pour la dérision. Quand j'écoute des émissions comme Le Sketch Show, je me marre à fond et je me demande toujours comment font les gens pour avoir autant d'imagination. Idem lorsque j'écoute un esprit vif se faire interviewer et répondre des trucs abrutis et drôles instantanément au questionneur, que ce soit à la télé ou dans mon entourage. Ça me fascine carrément. Je voue un respect sans bornes pour ces gens. L'humour est un moyen de séduction incroyable entre les humains, car il dévoile une intelligence particulière.
Je me suis cherché un sujet léger pour ce billet ce matin, quelque chose qui me détendrait et peut-être oui, ferait rire mon infime lot de lecteurs -lol-, mais je n'ai rien trouvé ! Je ne suis pas capable de faire rire les gens moi !! Mais on dit de moi que je suis un excellent public. Et qu'est-ce qu'un humoriste s'il n'a pas de public ? La personne capable de déchiffrer le message subliminal est aussi importante que le grand-parleur, non ?
Chez-nous, toute petite, la vie était très sérieuse. Mon père était à son compte et travaillait dur pour gagner sa vie et la nôtre. Certes il en faisait beaucoup, de l'argent, mais ce n'était jamais assez. Et au lieu de profiter de cet avoir en se payant une plus belle maison, un chalet au bord d'un lac, un voyage dans le sud ou simplement des sorties amusantes ici et là, mon père à moi cherchait à faire fructuer encore plus ce capital par des placements, qui malheureusement se sont souvent soldés par des pertes. On n'a pas fait beaucoup de trucs amusants en famille, car tout était matière à faire diminuer le patrimoine familial, tout le temps. Non, chez-nous pour sauver cette fortune durement acquise, on cultivait nos légumes en quantités astronomiques qu'on congelait pour toute l'année, on partait en camping l'été : meilleur moyen pour se dépayser à très très peu de frais, on mangeait dans les restos une fois par mois, et les fruits qui ne sont pas bon-marché, le cinéma ou les trucs complètement inutiles qu'on achète pour se faire plaisir, on n'en parle même pas. C'était comme ça chez-moi, de l'argent il y en avait beaucoup, mais on ne pouvait pas y toucher. Honnêtement, je trouve que c'est une belle valeur à transmettre à ses enfants de ne pas flamber son avoir dans du vent, reste que si on avait eu un peu plus de folies dans notre vie de famille, les liens aujourd'hui seraient peut-être plus serrés. Oui, chez-nous la vie était beaucoup trop sérieuse.
Vous voyez ce matin j'avais envie de quelque chose de léger, et voilà où ça m'a menée... comme si mon cerveau avait complètement été lavé de l'humour par les responsabilités, les tourments du quotidien, la peur de l'avenir. Aujourd'hui, je suis de plus en plus convaincue que l'argent est responsable d'une grande part de notre bonheur ici sur cette terre -chose que je ne pensais pas avant-, si bien sûr on a la santé et l'amour. Alors au fond mon père il avait raison d'en vouloir autant. Reste que le plaisir, l'humour et la dérision oui parfois, le sont tout autant pour l'équilibre mental et émotionnel...
Je vous ai mis en lien sur mon blogue un billet qui risque beaucoup plus de vous faire rire que moi ;) Ce personnage est un puit-sans-fond d'imagination et d'humour... Bonne lecture !
Je me suis cherché un sujet léger pour ce billet ce matin, quelque chose qui me détendrait et peut-être oui, ferait rire mon infime lot de lecteurs -lol-, mais je n'ai rien trouvé ! Je ne suis pas capable de faire rire les gens moi !! Mais on dit de moi que je suis un excellent public. Et qu'est-ce qu'un humoriste s'il n'a pas de public ? La personne capable de déchiffrer le message subliminal est aussi importante que le grand-parleur, non ?
Chez-nous, toute petite, la vie était très sérieuse. Mon père était à son compte et travaillait dur pour gagner sa vie et la nôtre. Certes il en faisait beaucoup, de l'argent, mais ce n'était jamais assez. Et au lieu de profiter de cet avoir en se payant une plus belle maison, un chalet au bord d'un lac, un voyage dans le sud ou simplement des sorties amusantes ici et là, mon père à moi cherchait à faire fructuer encore plus ce capital par des placements, qui malheureusement se sont souvent soldés par des pertes. On n'a pas fait beaucoup de trucs amusants en famille, car tout était matière à faire diminuer le patrimoine familial, tout le temps. Non, chez-nous pour sauver cette fortune durement acquise, on cultivait nos légumes en quantités astronomiques qu'on congelait pour toute l'année, on partait en camping l'été : meilleur moyen pour se dépayser à très très peu de frais, on mangeait dans les restos une fois par mois, et les fruits qui ne sont pas bon-marché, le cinéma ou les trucs complètement inutiles qu'on achète pour se faire plaisir, on n'en parle même pas. C'était comme ça chez-moi, de l'argent il y en avait beaucoup, mais on ne pouvait pas y toucher. Honnêtement, je trouve que c'est une belle valeur à transmettre à ses enfants de ne pas flamber son avoir dans du vent, reste que si on avait eu un peu plus de folies dans notre vie de famille, les liens aujourd'hui seraient peut-être plus serrés. Oui, chez-nous la vie était beaucoup trop sérieuse.
Vous voyez ce matin j'avais envie de quelque chose de léger, et voilà où ça m'a menée... comme si mon cerveau avait complètement été lavé de l'humour par les responsabilités, les tourments du quotidien, la peur de l'avenir. Aujourd'hui, je suis de plus en plus convaincue que l'argent est responsable d'une grande part de notre bonheur ici sur cette terre -chose que je ne pensais pas avant-, si bien sûr on a la santé et l'amour. Alors au fond mon père il avait raison d'en vouloir autant. Reste que le plaisir, l'humour et la dérision oui parfois, le sont tout autant pour l'équilibre mental et émotionnel...
Je vous ai mis en lien sur mon blogue un billet qui risque beaucoup plus de vous faire rire que moi ;) Ce personnage est un puit-sans-fond d'imagination et d'humour... Bonne lecture !
lundi 21 juin 2010
La grande loterie de la vie
Juillet 2008. Je me réveille dans la chambre d'amis au sous-sol de ma maison. C'est la première fois que j'y dors. Je suis un peu amochée, j'ai essayé de noyer ma peine la veille avec peu importe ce qu'il y aura comme alcool dans la maison ce jour-là, puisque tout ce que je veux c'est m'étourdir pour ne plus ressentir. On a eu une dispute orageuse hier. Assez orageuse pour que je décide que je ne dormirais pas avec lui. Je monte à l'étage, il dort encore. On s'est disputés hier, et hier je ne l'aimais plus. Ce matin, je sais très bien que je ne pensais pas ce que j'ai dis hier, et tout ce que je voudrais dans le fond, c'est être enceinte de lui parce que je l'aime profondément. Parce que je le désire depuis si longtemps et lui aussi. Je ne sais pas pourquoi, mais je sors un de ces foutus tests que j'ai acheté sur internet en quantité tellement importante qu'ils me coûtent un dollar le test au lieu de huit. J'ai toujours été en retard dans mes règles, mon cycle n'est pas fiable et je ne peux donc pas m'y fier pour douter d'une potentielle fécondation. Je suis tellement habituée que la deuxième ligne n'apparaisse jamais que je me demande pourquoi je m'acharne à faire ces maudits tests mois après mois. Mais ce matin, cette deuxième ligne elle allait apparaître. J'étais enceinte ! Après sept années de vie commune avec mon chum et quatre d'essais «intensifs», ça y était !! J'allais enfin connaître ce que c'est que de sentir bouger la vie en moi et mettre au monde une descendance où mon ADN serait curieusement mélangée à celui de l'homme que j'aime. Pas besoin de vous dire que notre dispute de la veille, on n'en a jamais reparlé. On était fous de joie tous les deux. Quelle ironie...
Mais attention : une grossesse sur cinq ne se rend pas à terme. Je n'ai pas eu une vie trop malchanceuse et ce type de truc n'arrive habituellement qu'aux autres. Mais après quatre ans d'attente, je m'étais déjà mis en tête que peut-être je ne pourrais jamais avoir d'enfant, donc ce bébé-là je ne voulais pas le prendre pour acquis avant d'avoir complété au moins les trois premiers mois probatoires à toute grossesse. J'ai peur. Je ne veux plus porter de charges lourdes, pas plus que courir sur mon tapis-roulant, manger de la nourriture qui n'a pas subit un traitement de chaleur ou prendre un bain. Il faut à tout prix que je me rende à douze semaines. Ce que j'ai difficilement réussi malgré tous mes tourments. Maintenant je pouvais respirer, parce qu'après douze semaines, l'infirmière du CLSC me l'avait dit, ça n'arrive presque jamais qu'on perde des bébés. Elle n'a même jamais été capable de me dire comment ça se passerait au cas où ça m'arriverait...... «Ça n'arrive jamais...», qu'elle m'a dit.
À vingt-quatre semaines d'aménorrhée, mon bébé serait viable. Dix-huit semaines, je n'étais pas si loin ! Je suis au travail ; je perd du liquide, beaucoup de liquide. J'appelle mon médecin, elle me dit «Viens me voir, mais la plupart des filles qui pensent qui perdent leurs eaux à ton stade se trompent, c'est sûrement rien de bien grave». Après 2 secondes d'observation, son diagnostic : Rupture prématurée des membranes. J'avais bel et bien perdu une partie de mon liquide amniotique. Je devais me rendre illico à l'hôpital, j'étais hospitalisée d'urgence. On me fait rencontrer le médecin le plus compétent en la matière - environ 38 ans, il faut le spécifier, c'est assez honorable ! -, il me fait une amniocentèse : j'ai été contaminée par une bactérie. Mon corps a rejeté le liquide empoisonné et donc le bébé n'avait plus de barrière de protection. Trop précoce dans la grossesse, on devait arracher ce foetus en pleine santé de mon ventre, parce qu'il n'y avait aucune chance que je puisse l'accoucher à un stade sécuritaire et qu'il soit normal à présent puisqu'il n'était plus dans un environnement stérile. Le choc. Les larmes. Le dénis. Mais qu'est-ce que j'avais bien pu faire, MOI, pour contracter ça ? Pourquoi MOI.... alors que ça faisait si longtemps que j'attendais ce bébé ? Pourquoi pas la fillette de seize ans qui est tombée enceinte accidentellement, ou la grosse-bonne-femme-déchet-de-la-société qui ne veut que faire gonfler son chèque de bien-être social et qui n'aime même pas sa progéniture ?
J'ai eu un accouchement normal provoqué par Misoprostol, sans péridurale parce qu'en plus, on n'a pas su me guider dans le moment où je devais avoir ce putain de médicament magique, parce que oui je désirais l'avoir absolument. Les contractions ont été aussi violentes que pour l'accouchement d'un bébé à terme. Mon bébé a été tué par la force des contractions.... trop fragile pour leur survivre. Et s'il avait survi aux contractions, il serait mort dans les minutes suivant sa naissance. Et ais-je besoin de vous dire qu'à dix-huit semaines, ce bébé-là était parfaitement formé et intact ? Seuls ses yeux n'avaient pas encore ouverts.... le reste était parfait. Un petit garçon. On connaissait enfin son sexe... mais son coeur ne battait plus à présent. Un drame que je ne souhaite pas à mon pire ennemi. Quarante-huit heures complètement engouffrée dans l'horreur, puis j'ai pu quitter, le ventre et l'âme complètement vides. Enfin. Je suis gentiement retournée à mon quotidien, entourée d'un millier de filles enceintes partout autour. Leurs grossesses se continuaient, elles, moi la mienne elle s'était arrêtée.
Aujourd'hui je me remémore le tout en me disant que certains doivent perdre à la grande loterie de la vie, pour que d'autres gagnent. Et ce que je déplore le plus, c'est la rapidité avec laquelle mon petit garçon est tombé dans l'oubli pour tout mon entourage... Pourquoi ça m'est arrivé ? Je ne le saurai jamais. Je suis retombée enceinte par la suite surprenamment vite, comme si cette grossesse avait stimulée ma fécondité. Et si j'avais eu ce garçon, jamais je n'aurais eu ma jolie petite fille en or, dates à l'appui. Mais je ne peux pas m'empêcher non plus de me dire que cette façon de penser est une lame à deux tranchants.
Mais attention : une grossesse sur cinq ne se rend pas à terme. Je n'ai pas eu une vie trop malchanceuse et ce type de truc n'arrive habituellement qu'aux autres. Mais après quatre ans d'attente, je m'étais déjà mis en tête que peut-être je ne pourrais jamais avoir d'enfant, donc ce bébé-là je ne voulais pas le prendre pour acquis avant d'avoir complété au moins les trois premiers mois probatoires à toute grossesse. J'ai peur. Je ne veux plus porter de charges lourdes, pas plus que courir sur mon tapis-roulant, manger de la nourriture qui n'a pas subit un traitement de chaleur ou prendre un bain. Il faut à tout prix que je me rende à douze semaines. Ce que j'ai difficilement réussi malgré tous mes tourments. Maintenant je pouvais respirer, parce qu'après douze semaines, l'infirmière du CLSC me l'avait dit, ça n'arrive presque jamais qu'on perde des bébés. Elle n'a même jamais été capable de me dire comment ça se passerait au cas où ça m'arriverait...... «Ça n'arrive jamais...», qu'elle m'a dit.
À vingt-quatre semaines d'aménorrhée, mon bébé serait viable. Dix-huit semaines, je n'étais pas si loin ! Je suis au travail ; je perd du liquide, beaucoup de liquide. J'appelle mon médecin, elle me dit «Viens me voir, mais la plupart des filles qui pensent qui perdent leurs eaux à ton stade se trompent, c'est sûrement rien de bien grave». Après 2 secondes d'observation, son diagnostic : Rupture prématurée des membranes. J'avais bel et bien perdu une partie de mon liquide amniotique. Je devais me rendre illico à l'hôpital, j'étais hospitalisée d'urgence. On me fait rencontrer le médecin le plus compétent en la matière - environ 38 ans, il faut le spécifier, c'est assez honorable ! -, il me fait une amniocentèse : j'ai été contaminée par une bactérie. Mon corps a rejeté le liquide empoisonné et donc le bébé n'avait plus de barrière de protection. Trop précoce dans la grossesse, on devait arracher ce foetus en pleine santé de mon ventre, parce qu'il n'y avait aucune chance que je puisse l'accoucher à un stade sécuritaire et qu'il soit normal à présent puisqu'il n'était plus dans un environnement stérile. Le choc. Les larmes. Le dénis. Mais qu'est-ce que j'avais bien pu faire, MOI, pour contracter ça ? Pourquoi MOI.... alors que ça faisait si longtemps que j'attendais ce bébé ? Pourquoi pas la fillette de seize ans qui est tombée enceinte accidentellement, ou la grosse-bonne-femme-déchet-de-la-société qui ne veut que faire gonfler son chèque de bien-être social et qui n'aime même pas sa progéniture ?
J'ai eu un accouchement normal provoqué par Misoprostol, sans péridurale parce qu'en plus, on n'a pas su me guider dans le moment où je devais avoir ce putain de médicament magique, parce que oui je désirais l'avoir absolument. Les contractions ont été aussi violentes que pour l'accouchement d'un bébé à terme. Mon bébé a été tué par la force des contractions.... trop fragile pour leur survivre. Et s'il avait survi aux contractions, il serait mort dans les minutes suivant sa naissance. Et ais-je besoin de vous dire qu'à dix-huit semaines, ce bébé-là était parfaitement formé et intact ? Seuls ses yeux n'avaient pas encore ouverts.... le reste était parfait. Un petit garçon. On connaissait enfin son sexe... mais son coeur ne battait plus à présent. Un drame que je ne souhaite pas à mon pire ennemi. Quarante-huit heures complètement engouffrée dans l'horreur, puis j'ai pu quitter, le ventre et l'âme complètement vides. Enfin. Je suis gentiement retournée à mon quotidien, entourée d'un millier de filles enceintes partout autour. Leurs grossesses se continuaient, elles, moi la mienne elle s'était arrêtée.
Aujourd'hui je me remémore le tout en me disant que certains doivent perdre à la grande loterie de la vie, pour que d'autres gagnent. Et ce que je déplore le plus, c'est la rapidité avec laquelle mon petit garçon est tombé dans l'oubli pour tout mon entourage... Pourquoi ça m'est arrivé ? Je ne le saurai jamais. Je suis retombée enceinte par la suite surprenamment vite, comme si cette grossesse avait stimulée ma fécondité. Et si j'avais eu ce garçon, jamais je n'aurais eu ma jolie petite fille en or, dates à l'appui. Mais je ne peux pas m'empêcher non plus de me dire que cette façon de penser est une lame à deux tranchants.
Féminin / Masculin
J'ai toujours préféré la compagnie des hommes à celle des femmes. Je trouve les femmes souvent insignifiantes, inintéressantes, compliquées. Avec les hommes, tout est tellement plus simple ! Des conversations à propos de sujets plus passionnants, pas de détails sans valeur, pas de jalousie, plus d'humour, plus de rationnalité. Des fois je me dis que j'aurais dû être un homme. Je pense que c'est probablement parce que j'ai grandis avec 2 frères. J'ai toujours admiré leurs parcours plus avancés que le mien parce qu'ils étaient plus vieux, leurs intérêts, leur façon de penser. À part quelques rares exceptions, les gens que j'aime profondément sont des hommes.
Je suis du type plutôt introvertie. Je ne parle pas quand je crois que ce que je vais dire peut ne pas être intéressant pour un, alors que je vais le faire pour un autre pour qui cela pourrait l'être. Je filtre mes paroles. Combien de soirées entre couples j'ai trouvé très lourdes à essayer de supporter les minutes s'écouler en enfilant verre sur verre et en écoutant des histoires de filles, parce que c'est plus socialement accepté que les filles parlent avec les filles, et les gars avec les gars dans ce type de soirées. Je devenais étourdie, lamentable, blazée, à essayer d'être gentille en rêvant du moment où je me retrouverais enfin seule avec mon homme pour pouvoir redevenir moi-même et dire ce que je pense vraiment.
Quand j'ai appris que j'étais enceinte du sexe que j'apprécie le moins -le mien !-, j'ai eu peur. Moi qui avait tellement hâte de connaître l'évolution d'un petit garçon à partir de zéro. Dans mon fort intérieur, je souhaitais un garçon. Je n'irais pas jusqu'à dire que j'ai été déçue, mais je me suis sentie bizarre. Il n'y avait que six garçons dans nos deux familles à moi et à celle de mon amoureux et tous souhaitaient tellement une fille ! Du coup j'étais contente de pouvoir offrir une nouveauté à tout le monde. Puis, dans les jours qui ont suivis cette nouvelle, je me suis sentie plus femme. J'avais envie de porter du rose - chose que je n'ai presque jamais fait - pour dire à tout le monde que je portais une petite fille. Je ne sais pas trop pourquoi mais ça a été ma réaction. Ce petit être fille, j'allais en faire une personne respectable, intéressante, bien. Après tout, en tant que personne responsable de son éducation j'avais un peu ce pouvoir, non ? Et avec le papa qu'elle a, elle ne serait certainement pas une chipie. Puis elle est arrivée, cette petite fille, la plus belle petite fille du monde - c'est vrai je vous le jure ! -, la mécanique toute parfaite, le disque dur vierge. Dès que je l'ai vue, ma relation amour/haine envers les femmes n'existait plus. Ma peur s'est enfuie.
J'allais me réconcilier avec le sexe féminin.
Je suis du type plutôt introvertie. Je ne parle pas quand je crois que ce que je vais dire peut ne pas être intéressant pour un, alors que je vais le faire pour un autre pour qui cela pourrait l'être. Je filtre mes paroles. Combien de soirées entre couples j'ai trouvé très lourdes à essayer de supporter les minutes s'écouler en enfilant verre sur verre et en écoutant des histoires de filles, parce que c'est plus socialement accepté que les filles parlent avec les filles, et les gars avec les gars dans ce type de soirées. Je devenais étourdie, lamentable, blazée, à essayer d'être gentille en rêvant du moment où je me retrouverais enfin seule avec mon homme pour pouvoir redevenir moi-même et dire ce que je pense vraiment.
Quand j'ai appris que j'étais enceinte du sexe que j'apprécie le moins -le mien !-, j'ai eu peur. Moi qui avait tellement hâte de connaître l'évolution d'un petit garçon à partir de zéro. Dans mon fort intérieur, je souhaitais un garçon. Je n'irais pas jusqu'à dire que j'ai été déçue, mais je me suis sentie bizarre. Il n'y avait que six garçons dans nos deux familles à moi et à celle de mon amoureux et tous souhaitaient tellement une fille ! Du coup j'étais contente de pouvoir offrir une nouveauté à tout le monde. Puis, dans les jours qui ont suivis cette nouvelle, je me suis sentie plus femme. J'avais envie de porter du rose - chose que je n'ai presque jamais fait - pour dire à tout le monde que je portais une petite fille. Je ne sais pas trop pourquoi mais ça a été ma réaction. Ce petit être fille, j'allais en faire une personne respectable, intéressante, bien. Après tout, en tant que personne responsable de son éducation j'avais un peu ce pouvoir, non ? Et avec le papa qu'elle a, elle ne serait certainement pas une chipie. Puis elle est arrivée, cette petite fille, la plus belle petite fille du monde - c'est vrai je vous le jure ! -, la mécanique toute parfaite, le disque dur vierge. Dès que je l'ai vue, ma relation amour/haine envers les femmes n'existait plus. Ma peur s'est enfuie.
J'allais me réconcilier avec le sexe féminin.
vendredi 18 juin 2010
Enzo le magnifique
J'ai toujours aimé les animaux. J'admire leurs capacités illimitées d'adaptation, leur façon de vivre dans le moment présent, de nous aimer sans nous juger. Dans ma petite enfance, plusieurs membres de l'honorable règne animal sont entrés et sortis de chez-nous, parfois par amour, parfois par devoir de protection, ou par curiosité tout simplement. Des lapins jusqu'aux millions de chats et chiens, en passant pas les hamsters, poules et poussins, oiseaux, poissons. Assez classiques quoi, mais qui peut se vanter d'en avoir eu autant ? Je ne sais pas pourquoi on en a eu autant honnêtement ; mes parents ne sont pas des passionnés des animaux autant que je puisse l'être. On a eu un jour un Golden Retreiver d'une beauté incroyable, qui n'a jamais pu entrer dans la maison parce que ma mère n'en voulait pas et qui a dû passer au moins deux ans de sa jeune et énergique vie dans une partie de cabanon reliée à un enclo extérieur, à n'être sorti qu'une fois par semaine pour marcher, parfois même pas du tout..... Pauvre bête. Quand j'y pense j'ai envie de pleurer. On était trop jeunes et occupés par une tonne d'autres choses pour s'occuper d'un tel animal, moi et mes frères. Parce qu'un chien de ce type demande beaucoup d'amour, de soins, de discipline, d'exercice, de temps, de patience. Quand on choisi d'avoir un chien, on a des responsabilités morales et physiques envers lui. Le nourrir convenablement et le stimuler mentalement un minimum. Mais plusieurs personnes ne sont pas capables de donner à leur chien ce minimum, et tiennent tout de même à garder ledit chien.
Il y a trois ans, quand j'ai acheté ma première maison, j'ai enfin pu réaliser mon rêve d'avoir mon chien. Mes appartements ont toujours été remplis de chats, mais avoir un chien pour moi c'était un rêve. Enzo, c'est mon braque de weimar. On me demande souvent pourquoi je garde mon chien depuis que j'ai eu un enfant. Il jappe quand on sonne à la porte, il est très demandant énergiquement parlant, il me force à revenir dormir à la maison quand on sort la fin de semaine, il me garde à l'affût constante de la sécurité de ma puce, il souffre d'anxiété de séparation, bref oui je l'admet il me cause des souçis. Là où mon amour pour lui intervient, c'est dans sa présence réconfortante à mes côtés à la maison. Il est doux, affectueux, enjoué. C'est une bête magnifique, son poil est court, gris-bleu, lustré. Ses yeux clair sont francs, perçants. Il est puissant et rapide. Il est grand comme un humain, ce qui lui rend une forme parfaite pour se blottir contre lui et assouvir ma soif de chaleur, remplir mon réservoir affectif. Son sens de l'écoute est déroutant, son énergie et ses sens ulta-développés sont surprenants, sa fidélité est digne d'une confiance inébranlable. Toujours heureux quand j'arrive, je ne lui dois jamais d'explications, de justifications ou d'excuses.
Mon chien c'est mon compagnon et j'assume les inconvénients qui viennent dans le package. Alors s'il-vous-plaît, arrêtez de m'emmerder avec mon chien...
Il y a trois ans, quand j'ai acheté ma première maison, j'ai enfin pu réaliser mon rêve d'avoir mon chien. Mes appartements ont toujours été remplis de chats, mais avoir un chien pour moi c'était un rêve. Enzo, c'est mon braque de weimar. On me demande souvent pourquoi je garde mon chien depuis que j'ai eu un enfant. Il jappe quand on sonne à la porte, il est très demandant énergiquement parlant, il me force à revenir dormir à la maison quand on sort la fin de semaine, il me garde à l'affût constante de la sécurité de ma puce, il souffre d'anxiété de séparation, bref oui je l'admet il me cause des souçis. Là où mon amour pour lui intervient, c'est dans sa présence réconfortante à mes côtés à la maison. Il est doux, affectueux, enjoué. C'est une bête magnifique, son poil est court, gris-bleu, lustré. Ses yeux clair sont francs, perçants. Il est puissant et rapide. Il est grand comme un humain, ce qui lui rend une forme parfaite pour se blottir contre lui et assouvir ma soif de chaleur, remplir mon réservoir affectif. Son sens de l'écoute est déroutant, son énergie et ses sens ulta-développés sont surprenants, sa fidélité est digne d'une confiance inébranlable. Toujours heureux quand j'arrive, je ne lui dois jamais d'explications, de justifications ou d'excuses.
Mon chien c'est mon compagnon et j'assume les inconvénients qui viennent dans le package. Alors s'il-vous-plaît, arrêtez de m'emmerder avec mon chien...
mercredi 16 juin 2010
Communication
Je n'ai jamais été capable de communiquer verbalement avec autrui. Il y a fort probable une série d'événements qui m'ont conduits là depuis ma naissance jusqu'à aujourd'hui. Je suis plutôt du type Écoute. J'écoute avec beaucoup d'attention et j'analyse beaucoup. Peut-être trop. Je trouve que la société en général n'écoute pas assez. On cherche à être la vedette, ou bien on ne s'intéresse tout simplement pas aux autres. Quand je suis dans des soupers de famille et que j'essaie d'émettre mon opinion, soit je dois m'y prendre à trois fois avant qu'on m'écoute, soit je me la ferme tout simplement, parce que je me dis que l'effort n'en vaut pas la peine. Il faut dire que mon chum est du type complètement inverse : c'est un orateur-né. Lorsqu'il parle lui, on l'écoute. Lorsqu'il parle, il nous fait rire. Lorsqu'il parle, on a besoin d'être ferré en arguments si on n'est pas d'accord avec lui. Alors à côté de lui moi, je ne suis qu'une ombre.
Mais pourquoi est-ce que je suis comme ça ? Je manque de confiance en moi ? J'ai peur d'être jugée ? Je cherche toujours mes mots quand vient le temps de parler, alors qu'ils me viennent si aisément par le biais de l'écriture... Souvent, je devrais utiliser le téléphone pour organiser des trucs, régler des conflits, poser une question, mais je préfère de loin la technologie informatique pour transmettre mes messages, comme ça je dis ce que j'ai à dire sans les inconvénients de mes états d'âmes du moment ou de ceux de mon interlocuteur, sans les silences embarrasants à combler ou toutes les maladresses dont je suis capable. Short and sweet. Je ne dérange personne qui est entrain de souper, de s'occuper d'un bébé qui pleure, ou qui a la tête sous son lavabo à réparer le drain et qui doit courir vers le téléphone qui sonne un brin importuné, ou qui filtre les appels avec son afficheur parce que «ce n'est pas le bon moment» tout simplement. Un courriel, on le lis lorsqu'on est rendu là dans notre journée et que toute notre attention ou notre intérêt y est.
Je ne me suis jamais sentie écoutée par mon père. Je sais que ça vient de là. Mon père est un homme très intelligent, très logique, mais très marginal aussi. Il est plutôt du type à monologuer et à penser à la prochaine phrase qu'il va dire au moment même où c'est nous qui parlons. C'est dommage. Il a toujours raison sur tout, et ironiquement, je me suis amourachée d'un homme de ce type aussi. En moins pire, mais tout de même. Pourtant je suis une fille intelligente, mais on ne m'écoute pas moi, c'est tout. Je ne suis peut-être pas assez articulée. Pourtant je ne suis pas du type à mettre tous les détails inintéressants dans mes phrases comme le font beaucoup de femmes ! Enfin. Si je ne suis pas écoutée, au moins je serai peut-être lue.
Mais pourquoi est-ce que je suis comme ça ? Je manque de confiance en moi ? J'ai peur d'être jugée ? Je cherche toujours mes mots quand vient le temps de parler, alors qu'ils me viennent si aisément par le biais de l'écriture... Souvent, je devrais utiliser le téléphone pour organiser des trucs, régler des conflits, poser une question, mais je préfère de loin la technologie informatique pour transmettre mes messages, comme ça je dis ce que j'ai à dire sans les inconvénients de mes états d'âmes du moment ou de ceux de mon interlocuteur, sans les silences embarrasants à combler ou toutes les maladresses dont je suis capable. Short and sweet. Je ne dérange personne qui est entrain de souper, de s'occuper d'un bébé qui pleure, ou qui a la tête sous son lavabo à réparer le drain et qui doit courir vers le téléphone qui sonne un brin importuné, ou qui filtre les appels avec son afficheur parce que «ce n'est pas le bon moment» tout simplement. Un courriel, on le lis lorsqu'on est rendu là dans notre journée et que toute notre attention ou notre intérêt y est.
Je ne me suis jamais sentie écoutée par mon père. Je sais que ça vient de là. Mon père est un homme très intelligent, très logique, mais très marginal aussi. Il est plutôt du type à monologuer et à penser à la prochaine phrase qu'il va dire au moment même où c'est nous qui parlons. C'est dommage. Il a toujours raison sur tout, et ironiquement, je me suis amourachée d'un homme de ce type aussi. En moins pire, mais tout de même. Pourtant je suis une fille intelligente, mais on ne m'écoute pas moi, c'est tout. Je ne suis peut-être pas assez articulée. Pourtant je ne suis pas du type à mettre tous les détails inintéressants dans mes phrases comme le font beaucoup de femmes ! Enfin. Si je ne suis pas écoutée, au moins je serai peut-être lue.
Éternelle insatisfaite
Toutes les filles rêvent du congé de maternité. Pour accomplir le rêve d'avoir le petit-être mi-toi/mi-moi ; explosion du bonheur d'aimer une personne oui, mais aussi pour la pause qu'il permet. La vie est drôlement étourdissante. On naît, puis on y est complètement engouffré très rapidement. Garderie, école qui n'en fini plus si moindrement on veut pouvoir avoir un salaire décent plus tard, puis s'enchaîne le marché du travail à travers le désir d'acquérir maison, meubles adéquats, entretien de tout ça et loisirs rapido-presto au travers. Puis il y a séparations, déménagements, recherche de l'âme soeur, recommencement de tout ça, blablabla...
Ce congé d'un an, j'en ai rêvé. J'en rêvais même s'il me faisait peur. J'aime le quotidien étourdissant dans le fond, il est très valorisant et il donne une meilleure saveur à la bière du vendredi. Il me fait courir, rire, et m'empêche de trop penser. Mais ce congé malgré tout j'en rêvais. J'aurais du temps pour faire ce que je veux, j'aurais du temps pour accomplir autre chose que de courir après l'argent. Je l'ai même frôlé il y a deux ans, mais j'ai perdu ce précieux bébé garçon en mi-grossesse qui me l'a fait retarder encore. Aujourd'hui à trente ans, j'y suis. Et qu'est-ce que j'ai accompli depuis huit mois de «congé» ? Pas grand chose, mis à part avoir rendue une magnifique petite fille à six mois et demi, chose dont je suis très fière ! Mais pour moi-même, rien. Nothing. Nada. Je ne pensais pas qu'un petit bébé pouvait être aussi prenant. Dans ma tête je nourrirais ce poupon, le distraîrais un peu puis le retournerais faire dodo jusqu'au prochain repas. Je me suis trompée ! En fait un bébé ça ne dort pas tant que ça dans le jour aussitôt qu'on a le bonheur qu'il dorme ses nuits complètes. Et ça pleure beaucoup, ça veut avoir ton attention. Et avec raison ! J'ai même abandonné l'idée d'aller me promener dans les magasins avec elle, parce que c'est trop compliqué.
Au risque de vous paraître complètement insignifiante sur la prochaine phrase, je me lance quand même : je voyais les bébés comme des bébés avant. Point. Maintenant je les vois comme des petits humains. Ils ont besoin d'être nourrit, lavés, stimulés, caressés, distraît. Non pas que je n'aime pas faire tout ça pour elle, bien au contraire elle est l'amour de ma vie ! C'est que j'ai été très désillusionnée à l'arrivée de ma puce et j'ai dû m'adapter beaucoup plus que je ne le croyais. Aujourd'hui je trouve ma vie sociale au peu plate. Je m'ennuie de mes collègues qui me font rire, d'être dans le jus de mes projets au travail, d'être libre dans mes déplacements en tout temps, de revenir à la maison heureuse d'y revenir, et de trouver difficile d'être le dimanche soir parce que demain tout ça recommence.
Finalement, je pense que je suis une éternelle insatisfaite. Mes cheveux frisent ; je prends une demie heure par jour à me les raidir. Ils sont bruns ; je les ai teindu blond platine dix ans de temps et là je suis dans la dizaine de la teinte noire. Je suis seule ; je veux être avec des gens. Je suis avec des gens ; j'ai envie d'être seule. Je travaille ; je veux être maman à la maison, je suis maman à la maison ; je me surprends à penser que des fois j'aimerais mieux travailler et que ce soit mon chum qui soit à la maison. Il a plus de patience que moi. J'essaie d'apprivoiser ma solitude, c'est peut-être ça mon problème, je n'aime pas être avec moi ? J'ai une belle vie dans le fond, pourquoi est-ce que je ne suis pas capable de me sentir complète et bien ??
Ce congé d'un an, j'en ai rêvé. J'en rêvais même s'il me faisait peur. J'aime le quotidien étourdissant dans le fond, il est très valorisant et il donne une meilleure saveur à la bière du vendredi. Il me fait courir, rire, et m'empêche de trop penser. Mais ce congé malgré tout j'en rêvais. J'aurais du temps pour faire ce que je veux, j'aurais du temps pour accomplir autre chose que de courir après l'argent. Je l'ai même frôlé il y a deux ans, mais j'ai perdu ce précieux bébé garçon en mi-grossesse qui me l'a fait retarder encore. Aujourd'hui à trente ans, j'y suis. Et qu'est-ce que j'ai accompli depuis huit mois de «congé» ? Pas grand chose, mis à part avoir rendue une magnifique petite fille à six mois et demi, chose dont je suis très fière ! Mais pour moi-même, rien. Nothing. Nada. Je ne pensais pas qu'un petit bébé pouvait être aussi prenant. Dans ma tête je nourrirais ce poupon, le distraîrais un peu puis le retournerais faire dodo jusqu'au prochain repas. Je me suis trompée ! En fait un bébé ça ne dort pas tant que ça dans le jour aussitôt qu'on a le bonheur qu'il dorme ses nuits complètes. Et ça pleure beaucoup, ça veut avoir ton attention. Et avec raison ! J'ai même abandonné l'idée d'aller me promener dans les magasins avec elle, parce que c'est trop compliqué.
Au risque de vous paraître complètement insignifiante sur la prochaine phrase, je me lance quand même : je voyais les bébés comme des bébés avant. Point. Maintenant je les vois comme des petits humains. Ils ont besoin d'être nourrit, lavés, stimulés, caressés, distraît. Non pas que je n'aime pas faire tout ça pour elle, bien au contraire elle est l'amour de ma vie ! C'est que j'ai été très désillusionnée à l'arrivée de ma puce et j'ai dû m'adapter beaucoup plus que je ne le croyais. Aujourd'hui je trouve ma vie sociale au peu plate. Je m'ennuie de mes collègues qui me font rire, d'être dans le jus de mes projets au travail, d'être libre dans mes déplacements en tout temps, de revenir à la maison heureuse d'y revenir, et de trouver difficile d'être le dimanche soir parce que demain tout ça recommence.
Finalement, je pense que je suis une éternelle insatisfaite. Mes cheveux frisent ; je prends une demie heure par jour à me les raidir. Ils sont bruns ; je les ai teindu blond platine dix ans de temps et là je suis dans la dizaine de la teinte noire. Je suis seule ; je veux être avec des gens. Je suis avec des gens ; j'ai envie d'être seule. Je travaille ; je veux être maman à la maison, je suis maman à la maison ; je me surprends à penser que des fois j'aimerais mieux travailler et que ce soit mon chum qui soit à la maison. Il a plus de patience que moi. J'essaie d'apprivoiser ma solitude, c'est peut-être ça mon problème, je n'aime pas être avec moi ? J'ai une belle vie dans le fond, pourquoi est-ce que je ne suis pas capable de me sentir complète et bien ??
mardi 15 juin 2010
DÉMENCE
Je n'ai jamais été proche de mes grands-parents paternels. Quand on allait les visiter, c'était après l'avant-midi interminable passée à l'église ou je m'emmerdais totalement, et le diner végétarien où tout le monde apportaient un plat froid et plate. Ma grand-mère disait tout le temps à mes parents : «c'est une belle petite fille grassette que vous avez là». J'avais huit, dix, douze ans. Je la détestais. Pour elle, c'était un compliment. Aussitôt que j'ai eu la permission d'avoir ma liberté de l'église, je n'ai presque jamais revu mes grands-parents.
Des années plus tard, j'ai appris à les connaître autrement. Ma grand-mère, cette femme fière, brillante et drôle, mon grand-père, cet homme fort et travaillant, qui bûchait le bois de toute sa terre pour passer son temps à la retraite, et qui nous préparait à chaque printemps des bouchées de tire à partir de ses érables, cet homme effacé mais tellement intéressant !
Hier, j'ai ramassé tout mon petit change pour aller visiter ce grand-père, que j'ai appris à connaître trop tard. À quatre-vingt-sept ans, il est atteint de démence mixte : combinaison de la maladie d'Alzheimer et de lésions au cerveau dûes à des AVC. La DÉMENCE. Y a-t-il un mot plus incompréhensible, intangible, inintelligible ? Quand on m'a dit que mon grand-père était atteint d'Alzheimer, jamais on ne m'a mentionné qu'il en était au stade le plus avancé, soit que sa perte de la mémoire était accompagnée de DÉMENCE. Aussitôt que je l'ai vu, j'en ai eu la gorge nouée, le souffle coupé. Ce grand homme, que j'avais connu et trop tardivement admiré, n'était plus qu'un vieux grincheux dont les agissements se limitaient au stade d'un enfant de trois ans très exactement, et dont les inhibitions sociales n'étaient plus accessibles pour son cerveau. Plus aucun discours possible désormais. Sa vie se résume à demander grossièrement aux infirmières de l'aider à enlever sa chemise parce qu'il a chaud, ou dire à sa femme de se dépêcher à lui donner son verre d'eau parce qu'il a soif. Son corps tout maigrelet, ses mains tremblotantes. Il est confiné toute la journée à sa chaise roulante sous clé, on change sa couche deux fois par jour, on s'acharne thérapeutiquement sur lui afin de prolonger sa misère, en lui injectant toutes sortes de drogues, qui le maintiennent en vie (en vie?), tout ça puisque la machine gouvernementale a décidée qu'on devait le maintenir en vie aussi longtemps qu'on peut, et ce, sans tenir compte de la dignité de cette personne. Tout ça parce que ses propres enfants n'ont pas le courage de leurs convictions. Sur neuf enfants, seul quatre d'entre eux sont prêts à signer une décharge aux médecins afin de cesser les traitements qui pourraient le maintenir sans cet état semi-végétatif pour encore plusieurs années et coûter des centaines de milliers de dollars aux contribuables québécois par surcroît. Parce que s'ils ne signent pas tous, les médecins continueront à le gaver de substances chimiques. Ses enfants préfèrent éviter d'aller le visiter, parce que ça leur fait trop mal de le voir ainsi. Ses enfants se sentent moins coupables d'aller le visiter qu'il y a huit mois quand il est entré à l'hôpital, parce qu'ils savent qu'il en a de jour en jour moins conscience... N'est-ce pas la pire histoire d'horreur que vous n'ayez jamais entendu ? Moi si.
Mon grand-père a toujours été un grand croyant, un adventiste. S'il avait conscience de sa situation, jamais il ne pardonnerait à ses enfants de ne pas signer ce foutu bout de papier qui pourrait mettre fin à ses souffrances et à celle qu'il cause autour de lui. Jamais il ne comprendrait pourquoi ses propres enfants ne l'aiment pas assez pour le laisser partir en paix et dignement. Jamais il ne comprendrait pourquoi ses rejetons ne voient pas sa mort comme étant une DÉLIVRANCE pour lui-même, un pas vers la vraie vie, la vie éternelle. S'il en avait conscience, il cesserait lui-même ce que les humains lui font subir.
Moi je le trouve chanceux mon grand-père dans le fond, parce que sa vie de misère à lui sur cette terre achève, ou du moins, il est plus proche de la fin que moi, en théorie. Et aussi, parce que sa foi était grande et qu'il n'a plus rien à prouver à personne maintenant. Certes, les humains s'acharnent à le garder le plus longtemps possible ici sous le soleil, la nature humaine sous son apparence du bien, maintient le mal bien vivant, mais moi je sais que là où il s'en va il va être plus heureux que nous tous ici-bas, vaniteux et en recherche constante de l'argent (...).
Rest in peace grand-papa, j'espère que dans l'autre vie on aura la chance de se connaître mieux toi et moi.
Des années plus tard, j'ai appris à les connaître autrement. Ma grand-mère, cette femme fière, brillante et drôle, mon grand-père, cet homme fort et travaillant, qui bûchait le bois de toute sa terre pour passer son temps à la retraite, et qui nous préparait à chaque printemps des bouchées de tire à partir de ses érables, cet homme effacé mais tellement intéressant !
Hier, j'ai ramassé tout mon petit change pour aller visiter ce grand-père, que j'ai appris à connaître trop tard. À quatre-vingt-sept ans, il est atteint de démence mixte : combinaison de la maladie d'Alzheimer et de lésions au cerveau dûes à des AVC. La DÉMENCE. Y a-t-il un mot plus incompréhensible, intangible, inintelligible ? Quand on m'a dit que mon grand-père était atteint d'Alzheimer, jamais on ne m'a mentionné qu'il en était au stade le plus avancé, soit que sa perte de la mémoire était accompagnée de DÉMENCE. Aussitôt que je l'ai vu, j'en ai eu la gorge nouée, le souffle coupé. Ce grand homme, que j'avais connu et trop tardivement admiré, n'était plus qu'un vieux grincheux dont les agissements se limitaient au stade d'un enfant de trois ans très exactement, et dont les inhibitions sociales n'étaient plus accessibles pour son cerveau. Plus aucun discours possible désormais. Sa vie se résume à demander grossièrement aux infirmières de l'aider à enlever sa chemise parce qu'il a chaud, ou dire à sa femme de se dépêcher à lui donner son verre d'eau parce qu'il a soif. Son corps tout maigrelet, ses mains tremblotantes. Il est confiné toute la journée à sa chaise roulante sous clé, on change sa couche deux fois par jour, on s'acharne thérapeutiquement sur lui afin de prolonger sa misère, en lui injectant toutes sortes de drogues, qui le maintiennent en vie (en vie?), tout ça puisque la machine gouvernementale a décidée qu'on devait le maintenir en vie aussi longtemps qu'on peut, et ce, sans tenir compte de la dignité de cette personne. Tout ça parce que ses propres enfants n'ont pas le courage de leurs convictions. Sur neuf enfants, seul quatre d'entre eux sont prêts à signer une décharge aux médecins afin de cesser les traitements qui pourraient le maintenir sans cet état semi-végétatif pour encore plusieurs années et coûter des centaines de milliers de dollars aux contribuables québécois par surcroît. Parce que s'ils ne signent pas tous, les médecins continueront à le gaver de substances chimiques. Ses enfants préfèrent éviter d'aller le visiter, parce que ça leur fait trop mal de le voir ainsi. Ses enfants se sentent moins coupables d'aller le visiter qu'il y a huit mois quand il est entré à l'hôpital, parce qu'ils savent qu'il en a de jour en jour moins conscience... N'est-ce pas la pire histoire d'horreur que vous n'ayez jamais entendu ? Moi si.
Mon grand-père a toujours été un grand croyant, un adventiste. S'il avait conscience de sa situation, jamais il ne pardonnerait à ses enfants de ne pas signer ce foutu bout de papier qui pourrait mettre fin à ses souffrances et à celle qu'il cause autour de lui. Jamais il ne comprendrait pourquoi ses propres enfants ne l'aiment pas assez pour le laisser partir en paix et dignement. Jamais il ne comprendrait pourquoi ses rejetons ne voient pas sa mort comme étant une DÉLIVRANCE pour lui-même, un pas vers la vraie vie, la vie éternelle. S'il en avait conscience, il cesserait lui-même ce que les humains lui font subir.
Moi je le trouve chanceux mon grand-père dans le fond, parce que sa vie de misère à lui sur cette terre achève, ou du moins, il est plus proche de la fin que moi, en théorie. Et aussi, parce que sa foi était grande et qu'il n'a plus rien à prouver à personne maintenant. Certes, les humains s'acharnent à le garder le plus longtemps possible ici sous le soleil, la nature humaine sous son apparence du bien, maintient le mal bien vivant, mais moi je sais que là où il s'en va il va être plus heureux que nous tous ici-bas, vaniteux et en recherche constante de l'argent (...).
Rest in peace grand-papa, j'espère que dans l'autre vie on aura la chance de se connaître mieux toi et moi.
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