Quel est l'âge de la «fleur de l'âge» ? Quinze, vingt, vingt-cinq, trente, trente-cinq ans ? Tout le monde se souvient s'être dit, lorsqu'il était adolescent, combien les gens dans la trentaine étaient vieux. M'y voilà, quelques années plus tard.
La trentaine m'est rentrée dedans un peu à l'image d'un camion rempli de gros billots de bois brut qui aurait fonçé sur ma petite honda civic grise. Je ne pensais pas que ça me ferait cet effet, je n'avais pas trop peur de vieillir jusqu'à mon dernier anniversaire. Mais là, maintenant, il me semble que des traces de vécu apparaîssent aux jonctions de mes yeux, que je doive considérablement diminuer ma consommation de nourriture si je veux rester présentable, teindre mes cheveux puisque des filaments gris me poussent sur le crâne, je suis plus fatiguée quand je ne dors pas mes huit heures par nuit, je me laisse captiver par des annonces publicitaires qui promettent la jeunesse éternelle. Il me semble que ma tendre vie se soit transformée en un début de déclin. C'est fou, puisque je sais que je suis encore très jeune, mais je ne sais pas, c'est comme si ce qui s'en vient me faisait peur.
La jeunesse, c'est bien. C'est la beauté, la liberté, la témérité, les ambitions. C'est n'avoir aucun bien qui nous attache à nulle part, c'est le plaisir des relations amoureuses excitantes et passionnantes. Malheureusement, et c'est la seule justice ici-bas, elle est passagère pour tout le monde.
Vieillir, c'est bien. C'est la sagesse, l'acceptation, la diminution des tourments, la stabilité. Vieillir, c'est l'acquisition de biens qui fournissent beaucoup de confort, c'est la sécurité d'une relation amoureuse stable, c'est un boulot issu de longues et douloureuses études, c'est l'immense joie d'être à son tour parent. C'est l'acquisition d'un bagage de connaissances et d'expériences riche. Par contre vieillir, c'est aussi un peu plus de jour en jour le début de la fin.
Chaque tranche d'âge a son charme. Jeune, on a tellement hâte de vieillir, sans savoir que ce que l'on vit ne reviendra jamais, puis peu à peu, on donnerait tout pour pouvoir arrêter le temps. C'est comme ça.
La trentaine m'est rentrée dedans, d'une façon dont je ne m'y attendais vraiment pas. Par contre pour moi, trente ans c'est vraiment la fleur de l'âge : encore jeune, mais avec un acquis global assez diversifié et intéressant.
Et comme le chante mon ami Ferland, c'est à trente ans que les femmes sont belles :)
lundi 26 juillet 2010
mardi 20 juillet 2010
Au-delà des apparences
J'ai travaillé avec ce type. Il était un gentil garçon, responsable, travaillant, ponctuel, effacé, sympathique, intelligent. Il avait l'air d'un bon garçon. Il n'avait rien pour faire tomber les filles, mais il n'était pas non plus du genre : personne ne voudra jamais de lui. Il était grand, mince, une apparence ordinaire, mais il avait son charme. Je l'aimais bien ce garçon moi.... j'aurais très bien pu m'en faire un ami. Mais les circonstances ont faites que je ne l'ai connu que superficiellement.
Il y a trois ans, il a été arrêté pour violence envers son ex-copine, qui avait à l'époque quatorze années de plus que lui - et un fils de treize ans -. Allez savoir ce qui l'intéressait chez cette femme. Elle venait de le quitter et il ne l'acceptait pas. Seize mois de prison qu'il a écopé. Vendredi dernier, il a attaqué à nouveau une femme dans la trentaine qui venait elle aussi de le quitter, à coup de barre munie de clous... il l'a laissée pour morte dans un chemin semi-désert. Tentative de meurtre. En 2003, il a aussi purgé une sentence de dix-huit mois pour un crime dont je ne connais pas la nature. J'ai travaillé avec lui de 2005 à 2007. Il avait donc déjà dans son bagage une expérience de la tôle, mais ça ne s'était jamais ébruité. Je ne l'ai jamais su, et je vous jure que du ouïe-dire à cet endroit il y en avait ! Je n'aurais jamais pu avoir un iota de doute qu'un homme comme lui portait une telle croix.
Au-delà des apparences, il y a tout un passé, des blessures, une enfance misérable, des raisons qui jamais ne justifient de tels actes, mais qui méritent au moins d'être entendues. Comment une personne dont on a eu de l'estime peut-elle cacher un tel chargement de haine, de violence, de rage, de gestes meurtriers ??? Je suis complètement bouche-bée devant cette nouvelle ce matin. Un type que j'aurais très bien pu m'éprendre amoureusement, un genre comme un autre, un gentil garçon. Un enfant qui a fort probablement eu des parents qui ont eux aussi été «butchés», qui ne l'ont pas aimé, qui l'ont peut-être battu lui aussi dans son enfance ?
Hier, Dutil a été arrêté chez lui pour des actes horribles. Un gentil garçon, un monstre. Ça aurait pu être moi sa victime. Dieu merci je m'en suis sauvée. Et malgré tout, je lui souhaite bonne chance pour le parcours qui l'attend, car qui suis-je pour le condamner ?
Il y a trois ans, il a été arrêté pour violence envers son ex-copine, qui avait à l'époque quatorze années de plus que lui - et un fils de treize ans -. Allez savoir ce qui l'intéressait chez cette femme. Elle venait de le quitter et il ne l'acceptait pas. Seize mois de prison qu'il a écopé. Vendredi dernier, il a attaqué à nouveau une femme dans la trentaine qui venait elle aussi de le quitter, à coup de barre munie de clous... il l'a laissée pour morte dans un chemin semi-désert. Tentative de meurtre. En 2003, il a aussi purgé une sentence de dix-huit mois pour un crime dont je ne connais pas la nature. J'ai travaillé avec lui de 2005 à 2007. Il avait donc déjà dans son bagage une expérience de la tôle, mais ça ne s'était jamais ébruité. Je ne l'ai jamais su, et je vous jure que du ouïe-dire à cet endroit il y en avait ! Je n'aurais jamais pu avoir un iota de doute qu'un homme comme lui portait une telle croix.
Au-delà des apparences, il y a tout un passé, des blessures, une enfance misérable, des raisons qui jamais ne justifient de tels actes, mais qui méritent au moins d'être entendues. Comment une personne dont on a eu de l'estime peut-elle cacher un tel chargement de haine, de violence, de rage, de gestes meurtriers ??? Je suis complètement bouche-bée devant cette nouvelle ce matin. Un type que j'aurais très bien pu m'éprendre amoureusement, un genre comme un autre, un gentil garçon. Un enfant qui a fort probablement eu des parents qui ont eux aussi été «butchés», qui ne l'ont pas aimé, qui l'ont peut-être battu lui aussi dans son enfance ?
Hier, Dutil a été arrêté chez lui pour des actes horribles. Un gentil garçon, un monstre. Ça aurait pu être moi sa victime. Dieu merci je m'en suis sauvée. Et malgré tout, je lui souhaite bonne chance pour le parcours qui l'attend, car qui suis-je pour le condamner ?
mercredi 14 juillet 2010
Dualité
J'aime faire ce que je veux quand je le veux et je n'aime pas qu'on me gêne dans mes ambitions. J'ai été chanceuse, j'ai eu des frères plus vieux qui ont «cassés» un peu l'autorité parentale, ce qui a fait que j'ai eu droit à un peu plus de passe-droits à l'adolescence.
J'ai toujours été une fille assez rebelle. Je voulais des copains plus âgés que moi qui habitaient le vieux-québec en appartement, je trouvais ça cool. Je découchais sans permission sous prétexte que je m'étais endormie, j'ai eu des tas de piercings ici et là, les cheveux bleechés, un tatouage très -trop- évident dont je regrette amèrement les stigmates aujourd'hui. J'ai toujours aimé les soirées très arrosées de toutes sortes d'alcools qui m'étourdissaient tous autant les uns que les autres. Je ne suis pas très sociable, les gens m'énervent en général, alors j'utilisais ce moyen pour me rapprocher des gens, ou bien pour les laisser s'approcher de moi, eux. Je suis partie à l'aventure dans l'ouest canadien pendant un an à l'âge de dix-huit ans, seule avec ma vieille Ford Escort blanche immatriculée EYE 188 que mes parents m'avaient payée à l'époque, espérant repousser règles familliales, études et responsabilités. J'étais relativement jolie, alors je m'en sortais plutôt bien. J'aimais défier l'autorité et m'en éloigner, même si au fond de moi j'avais la trouille.
J'ai toujours été une bonne fille. J'étudiais juste assez pour avoir de bonnes notes à l'école, je travaillais pour gagner mon argent de poche, je m'habillais avec des vêtements respectables, je protégeais mes relations sexuelles. Je me suis fais baptiser à dix-neuf ans. Je suis partie de chez mes parents à un âge raisonnable, vingt-deux ans, ai toujours eu des relations relativement stables avec les garçons ; je me suis d'ailleurs bâtie une petite famille issue d'une longue relation. J'écoutais ce que mes parents me disaient et je savais très bien au fond qu'il serait mieux pour moi de faire ce qu'ils me disaient.
Cette dualité en moi, je ne la comprends pas trop. Règle générale, on est soit gentil, soit pas, mais moi je ne suis pas capable de me ranger d'un côté ou l'autre. Même à trente ans, une maison, un enfant, je suis toujours la même. Je serai toujours la même. On ne change pas. On vieillit en âge, en maturité oui, mais on ne change pas vraiment. Toute petite, quand je m'imaginais à trente ans, jamais je n'aurais osé penser que je serais celle que je suis aujourd'hui. Toujours aussi adolescente. Se conformant juste assez pour faire fonctionner sa vie sur le sens du monde, à la manière imposée par la société.
Dans le fond, je suis plutôt une bonne fille qu'une marginale. Je fais mes paiements, prépare mes purées maison pour ma petite fille, composte mes résidus de table, tond ma pelouse, cultive mes légumes, avale des poudres de vitamines et minéraux, recycle mes canettes, cours sur mon tapis-roulant. Reste qu'en moi survivra toujours la fille qui a besoin de sa liberté totale de temps en temps, qui aime profiter de ce que l'argent peut procurer, s'enivrer, déroger, abuser, oublier.
Cette dualité, je l'aime bien et même si les gens peuvent parfois me condamner je n'en ai rien à cirer.
J'ai toujours été une fille assez rebelle. Je voulais des copains plus âgés que moi qui habitaient le vieux-québec en appartement, je trouvais ça cool. Je découchais sans permission sous prétexte que je m'étais endormie, j'ai eu des tas de piercings ici et là, les cheveux bleechés, un tatouage très -trop- évident dont je regrette amèrement les stigmates aujourd'hui. J'ai toujours aimé les soirées très arrosées de toutes sortes d'alcools qui m'étourdissaient tous autant les uns que les autres. Je ne suis pas très sociable, les gens m'énervent en général, alors j'utilisais ce moyen pour me rapprocher des gens, ou bien pour les laisser s'approcher de moi, eux. Je suis partie à l'aventure dans l'ouest canadien pendant un an à l'âge de dix-huit ans, seule avec ma vieille Ford Escort blanche immatriculée EYE 188 que mes parents m'avaient payée à l'époque, espérant repousser règles familliales, études et responsabilités. J'étais relativement jolie, alors je m'en sortais plutôt bien. J'aimais défier l'autorité et m'en éloigner, même si au fond de moi j'avais la trouille.
J'ai toujours été une bonne fille. J'étudiais juste assez pour avoir de bonnes notes à l'école, je travaillais pour gagner mon argent de poche, je m'habillais avec des vêtements respectables, je protégeais mes relations sexuelles. Je me suis fais baptiser à dix-neuf ans. Je suis partie de chez mes parents à un âge raisonnable, vingt-deux ans, ai toujours eu des relations relativement stables avec les garçons ; je me suis d'ailleurs bâtie une petite famille issue d'une longue relation. J'écoutais ce que mes parents me disaient et je savais très bien au fond qu'il serait mieux pour moi de faire ce qu'ils me disaient.
Cette dualité en moi, je ne la comprends pas trop. Règle générale, on est soit gentil, soit pas, mais moi je ne suis pas capable de me ranger d'un côté ou l'autre. Même à trente ans, une maison, un enfant, je suis toujours la même. Je serai toujours la même. On ne change pas. On vieillit en âge, en maturité oui, mais on ne change pas vraiment. Toute petite, quand je m'imaginais à trente ans, jamais je n'aurais osé penser que je serais celle que je suis aujourd'hui. Toujours aussi adolescente. Se conformant juste assez pour faire fonctionner sa vie sur le sens du monde, à la manière imposée par la société.
Dans le fond, je suis plutôt une bonne fille qu'une marginale. Je fais mes paiements, prépare mes purées maison pour ma petite fille, composte mes résidus de table, tond ma pelouse, cultive mes légumes, avale des poudres de vitamines et minéraux, recycle mes canettes, cours sur mon tapis-roulant. Reste qu'en moi survivra toujours la fille qui a besoin de sa liberté totale de temps en temps, qui aime profiter de ce que l'argent peut procurer, s'enivrer, déroger, abuser, oublier.
Cette dualité, je l'aime bien et même si les gens peuvent parfois me condamner je n'en ai rien à cirer.
lundi 12 juillet 2010
Mon jardin
Mon jardin est tout à fait exceptionnel cette année. Les plants de tomates mesurent quatre pieds, les fleurs de concombres libanais et de zucchinis jaunes sont tellement envahissantes que je me demande à qui je pourrai bien donner les fruits de ces précieux végétaux quand tous les membres de ma famille, mes amis et voisins en seront rassasiés. Mon potager, je le cajole, le contemple, m'émerveille de jour en jour devant lui, l'espère, m'en réjouis. J'aime jardiner. J'aime regarder la nature faire une oeuvre dont elle seule en est capable. Je suis complètement fascinée du fait que de simples et insignifiantes graines sèches qui ne me coûtent rien et que je lance au hasard dans de la vulgaire terre noire se transforment en de véritables petits arbustes remplis de gros légumes nutritifs et savoureux. J'aime regarder l'évolution instantanée de mes plants jour après jour, elle me rapelle combien la nature est fragile, fantastique, inintelligible. J'ai même poussé l'expérience à cultiver mon propre compost pour l'alimenter. Un jeu d'enfant !
La plupart des gens n'ont rien à foutre de «gaspiller» cent ou deux cents pieds carrés de leur cher terrain, qu'ils ont payé la peau des fesses. Ils trouvent qu'un jardin, «c'est dont ben de l'ouvrage», et que de toute façon l'été est la saison où les légumes ne coûtent rien dans les marchés d'alimentation. Ils ont raison, on ne fait pas un jardin pour économiser de l'argent, mais ils se privent d'un grand bonheur !! J'aime regarder germer le grain, pousser le plant, fleurir l'annonce du fruit, puis finalement éclore le produit, tout beau, tout plein d'éléments nutritifs dont le corps de l'homme a besoin. Et tout ça en l'espace de deux, trois ou quatre mois tout au plus ? Je trouve ça tout à fait émerveillant.
À l'image de ma plantation, j'ai un jardin à l'intérieur de moi, que je dois chérir, protéger, faire croître. Certaines années, je ne récolte pas grand fruits, d'autres sont extrêmement productives, certaines sont désastreuses, secrètes, d'autres sont prolifiques, abondantes. Mon jardin me ramène à moi-même. Il est l'image de ma vie, bons coups, mauvais coups, expériences, sècheresses, récoltes, détours, cul-de-sac.
On a tous notre jardin secret, on y sème ce que l'on aime, ce que l'on veut, ce que l'on a besoin. Mon jardin c'est mon jardin et au diable tout le reste.
La plupart des gens n'ont rien à foutre de «gaspiller» cent ou deux cents pieds carrés de leur cher terrain, qu'ils ont payé la peau des fesses. Ils trouvent qu'un jardin, «c'est dont ben de l'ouvrage», et que de toute façon l'été est la saison où les légumes ne coûtent rien dans les marchés d'alimentation. Ils ont raison, on ne fait pas un jardin pour économiser de l'argent, mais ils se privent d'un grand bonheur !! J'aime regarder germer le grain, pousser le plant, fleurir l'annonce du fruit, puis finalement éclore le produit, tout beau, tout plein d'éléments nutritifs dont le corps de l'homme a besoin. Et tout ça en l'espace de deux, trois ou quatre mois tout au plus ? Je trouve ça tout à fait émerveillant.
À l'image de ma plantation, j'ai un jardin à l'intérieur de moi, que je dois chérir, protéger, faire croître. Certaines années, je ne récolte pas grand fruits, d'autres sont extrêmement productives, certaines sont désastreuses, secrètes, d'autres sont prolifiques, abondantes. Mon jardin me ramène à moi-même. Il est l'image de ma vie, bons coups, mauvais coups, expériences, sècheresses, récoltes, détours, cul-de-sac.
On a tous notre jardin secret, on y sème ce que l'on aime, ce que l'on veut, ce que l'on a besoin. Mon jardin c'est mon jardin et au diable tout le reste.
lundi 5 juillet 2010
Parents «butchés» ; rejetons «butchés»
Je ne dors pas. Je repasse maintes et maintes fois le film de ma vie dans ma tête et je n'arrive pas à sombrer dans le sommeil ce soir, moi qui habituellement m'éteint aussitôt que je mets ma couette sur l'oreiller. Je ne fais fort probable plus partie des favoris de l'ordinateur de mes lecteurs ; je suis trop fuckée, trop dark. Je vais donc me laisser aller comme il le faut à mes émotions et à ce que je dois extirper de mon corps à tout prix pour survivre, sans me soucier de leur jugement. Je vais écrire pour moi. Voilà.
J'ai longtemps pensé que j'avais eu une enfance tendre. Je ne suis pas née dans la pauvreté, mes parents avaient de bonnes valeurs, j'ai toujours eu des notes correctes à l'école, je n'ai pas vécu de traumatismes du genre abus physiques ou sexuels. Bref je jugeais, en me comparant aux autres, que j'étais chanceuse. Jusqu'à un âge adulte assez avancé, j'y ai cru dur comme fer. Mes parents se sont séparés lorsque j'avais dix-sept ans, mais des années plus tard je croyais encore que j'avais été choyée par mon enfance.
Mes relations avec les hommes ont toujours été houleuses, jusqu'à ce que je rencontre mon amoureux présent à l'âge de vingt-et-un ans. Pour tout vous dire j'ai été très chanceuse de tomber sur lui. Il m'apportera beaucoup d'amour, de patience, de stabilité émotionnelle et psychologique, d'humour, d'estime de moi-même. Je n'avais aucune difficulté à faire tomber les hommes amoureux de moi plus jeune, mais ils me larguaient tous les uns après les autres dès qu'ils s'appercevaient de qui j'étais vraiment à l'intérieur. Depuis, je me suis rendue compte que : bon Dieu que j'ai été ratée comme personne ! Mes parents m'ont ratés. Certes je suis consciente qu'on ne peut pas donner ce qu'on n'a pas reçu, on mettait des enfants au monde en série dans leur temps et on ne s'en occupait pas, mais j'en ai été moi aussi victime par ricochet et je dois maintenant apprendre à vivre avec cette personne qu'on a façonnée tout croche dans son enfance.
J'ai longtemps pardonné à mon père d'avoir été absent, tout croche lui aussi, impatient, autoritaire, dictateur, narcissique. Je trouvais qu'il avait souvent raison. Il avait bâti son entreprise à partir de rien, il recherchait la vérité à propos de la création du monde et pour tout ça je l'admirais. Puis en vieillissant, je me suis rendue compte à quel point il ne s'était jamais intéressé à nous, ses enfants. Il condamne les gestes de tous et chacun avec beaucoup de haine. Il a tellement de cette haine en-dedans de lui qu'il est impossible d'être soi-même en sa présence. On a trop peur de ce qu'il va en penser et aller raconter lorsqu'on ne sera plus là. Il est le seul à tout faire correctement dans la vie : implorer Dieu, manger végétarien, garder jalousement sa richesse, marier des étrangères de pays sous-développés qu'il a rencontré via l'internet et vu qu'une seule fois, parce que ces femmes-là elles sont tellement de bonnes-petites-femmes-bien-soumises, et elles l'aiment pour les bonnes raisons...
Aujourd'hui j'ai une peur bleue de l'autorité, de mon boss au travail, qui pourtant est probablement le meilleur de la terre. J'ai peur. Peur d'être balancée à la première erreur, peur d'être jugée pour ce que je pense. Allez voir pouquoi je traîne cette merde dans mon baluchon. Aujourd'hui mon père, tout juste depuis que j'ai ma propre petite fille et que je vois agir mon homme avec elle, je n'ai plus la même vision que j'ai eu jadis de lui. Il ne m'a jamais profondément aimée lui, alors pourquoi je me forcerais tant à lui trouver des qualités et à l'aimer, moi ?
Aujourd'hui, je suis une dépendante affective. J'ai peur de la solitude, j'ai peur de moi-même. On ne m'a jamais enseigné que j'étais digne de l'amour qu'on pouvait me porter. Alors me voilà, à ce tournant de ma vie ou je suis moi-même devenue responsable du futur d'une petite personne. Et j'ai peur, encore, toujours. J'ai besoin de comprendre tout ce bagage en moi ancré qui me hante, qui me tient pieds et mains liés, qui me donne des idées sombres. Je ne veux pas transmettre cet horreur à d'autres humains. Surtout pas à des créatures qui sont le fruit de mon ventre, de mon sang, de ma génétique, de mon amour. J'ai appris l'amour à l'âge adulte, et c'est trop dur pour que qui que ce soit que j'aime ne doivent en répéter l'expérience.
Aujourd'hui, je ne veux plus être la victime, j'ai mis le doigt sur la cause de mes tourments et je dois apprendre à arrêter d'avoir mal.
Aujourd'hui, je veux me réapproprier ma vie.
J'ai longtemps pensé que j'avais eu une enfance tendre. Je ne suis pas née dans la pauvreté, mes parents avaient de bonnes valeurs, j'ai toujours eu des notes correctes à l'école, je n'ai pas vécu de traumatismes du genre abus physiques ou sexuels. Bref je jugeais, en me comparant aux autres, que j'étais chanceuse. Jusqu'à un âge adulte assez avancé, j'y ai cru dur comme fer. Mes parents se sont séparés lorsque j'avais dix-sept ans, mais des années plus tard je croyais encore que j'avais été choyée par mon enfance.
Mes relations avec les hommes ont toujours été houleuses, jusqu'à ce que je rencontre mon amoureux présent à l'âge de vingt-et-un ans. Pour tout vous dire j'ai été très chanceuse de tomber sur lui. Il m'apportera beaucoup d'amour, de patience, de stabilité émotionnelle et psychologique, d'humour, d'estime de moi-même. Je n'avais aucune difficulté à faire tomber les hommes amoureux de moi plus jeune, mais ils me larguaient tous les uns après les autres dès qu'ils s'appercevaient de qui j'étais vraiment à l'intérieur. Depuis, je me suis rendue compte que : bon Dieu que j'ai été ratée comme personne ! Mes parents m'ont ratés. Certes je suis consciente qu'on ne peut pas donner ce qu'on n'a pas reçu, on mettait des enfants au monde en série dans leur temps et on ne s'en occupait pas, mais j'en ai été moi aussi victime par ricochet et je dois maintenant apprendre à vivre avec cette personne qu'on a façonnée tout croche dans son enfance.
J'ai longtemps pardonné à mon père d'avoir été absent, tout croche lui aussi, impatient, autoritaire, dictateur, narcissique. Je trouvais qu'il avait souvent raison. Il avait bâti son entreprise à partir de rien, il recherchait la vérité à propos de la création du monde et pour tout ça je l'admirais. Puis en vieillissant, je me suis rendue compte à quel point il ne s'était jamais intéressé à nous, ses enfants. Il condamne les gestes de tous et chacun avec beaucoup de haine. Il a tellement de cette haine en-dedans de lui qu'il est impossible d'être soi-même en sa présence. On a trop peur de ce qu'il va en penser et aller raconter lorsqu'on ne sera plus là. Il est le seul à tout faire correctement dans la vie : implorer Dieu, manger végétarien, garder jalousement sa richesse, marier des étrangères de pays sous-développés qu'il a rencontré via l'internet et vu qu'une seule fois, parce que ces femmes-là elles sont tellement de bonnes-petites-femmes-bien-soumises, et elles l'aiment pour les bonnes raisons...
Aujourd'hui j'ai une peur bleue de l'autorité, de mon boss au travail, qui pourtant est probablement le meilleur de la terre. J'ai peur. Peur d'être balancée à la première erreur, peur d'être jugée pour ce que je pense. Allez voir pouquoi je traîne cette merde dans mon baluchon. Aujourd'hui mon père, tout juste depuis que j'ai ma propre petite fille et que je vois agir mon homme avec elle, je n'ai plus la même vision que j'ai eu jadis de lui. Il ne m'a jamais profondément aimée lui, alors pourquoi je me forcerais tant à lui trouver des qualités et à l'aimer, moi ?
Aujourd'hui, je suis une dépendante affective. J'ai peur de la solitude, j'ai peur de moi-même. On ne m'a jamais enseigné que j'étais digne de l'amour qu'on pouvait me porter. Alors me voilà, à ce tournant de ma vie ou je suis moi-même devenue responsable du futur d'une petite personne. Et j'ai peur, encore, toujours. J'ai besoin de comprendre tout ce bagage en moi ancré qui me hante, qui me tient pieds et mains liés, qui me donne des idées sombres. Je ne veux pas transmettre cet horreur à d'autres humains. Surtout pas à des créatures qui sont le fruit de mon ventre, de mon sang, de ma génétique, de mon amour. J'ai appris l'amour à l'âge adulte, et c'est trop dur pour que qui que ce soit que j'aime ne doivent en répéter l'expérience.
Aujourd'hui, je ne veux plus être la victime, j'ai mis le doigt sur la cause de mes tourments et je dois apprendre à arrêter d'avoir mal.
Aujourd'hui, je veux me réapproprier ma vie.
Intervention
Je ne comprends pas comment on peut apprécier une chaleur aussi torride et suffocante que celle d'une canicule d'été. Je trouve ça bizarre que certaines personnes aiment sincèrement cette température étouffante, écrasante, suicidaire. Je ne comprends tout simplement pas. Je dois changer mes vêtements six fois par jour, endurer mes cheveux frisés parce qu'il n'est pas question que je mette le sèchoir sur ma maudite tête et qu'anyway j'ai tellement chaud du crâne que cette humidité se glisse sur ma chevelure comme un serpent venimeux qui subtilement crée son oeuvre machiavélique de frisotis, histoire que je m'aime encore moins. Tout ça pour dire qu'aujourd'hui il fait chaud et les gens qui sont contents m'énervent encore plus que la hauteur de cet abominable mercure. J'exècre les 40°C avec humidité, je trouve ça excessivement inconfortable.
Cela dit, ce n'était pas le but principal de ce billet. J'aime écouter l'émission Intervention, sur A&E. C'est une télé-réalité à propos de gens qui ont des dépendances graves aux drogues/alcool/médicaments. Elle passe parfois en rafale des journées entières et je m'amuse vraiment à la regarder. J'entretien mon anglais parce qu'on y parle dans un langage assez facile à comprendre, et je soulage mon côté voyeur à entendre des histoires qui sont beaucoup plus horrifiantes que la mienne. Je me complais à analyser les profondeurs de la descente aux enfers des hommes, la noirceur de leur misère, et j'espère toujours qu'à la fin ils s'en sortent. J'aime cette émission parce qu'elle expose la réalité de monsieur-madame-tout-le-monde. Elle est très touchante et vient parfois m'arracher difficilement des larmes. En certaines personnes je m'y retrouve.
Ces gens ne se sont pas rendus à ces issus par le biais du hasard, non c'est le fruit d'un passé lourd de toutes sortes de choses : abus, indifférence, abandon, violence, orientation sexuelle. Ils se saoulent au rince-bouche menthe ou aux désinfectants pour les mains à la vue de leurs enfants, inhalent des gazs déstinés au nettoyage des ordinateurs. Les plus riches vont gober des gallons d'alcool fort à chaque jour, les plus belles vont se prostituer pour se payer la précieuse poudre à s'injecter dans les veines plusieurs fois par jour. Certains ont connus la gloire dans les sports ou en musique et n'ont pas été capables de dealer avec la descente. La déchéance totale. Certaines de ces émissions me donnent parfois moi aussi l'envie de sombrer dans l'alcool, parce qu'elles me ramènent à moi-même, à mon histoire à moi. Parce que des merdes comme celles-là en-dedans de moi il y en a.
Plusieurs personnes ont carrément eu une enfance horrible, et quand je regarde ma petite fille, je ne peux m'empêcher de penser que plusieurs petits bébés de son âge sont abusés ou martirisés carrément. Certains autres n'ont même jamais été aimés.
Comment on peut mener une vie d'adulte si on ne nous a pas aimé ?
Cela dit, ce n'était pas le but principal de ce billet. J'aime écouter l'émission Intervention, sur A&E. C'est une télé-réalité à propos de gens qui ont des dépendances graves aux drogues/alcool/médicaments. Elle passe parfois en rafale des journées entières et je m'amuse vraiment à la regarder. J'entretien mon anglais parce qu'on y parle dans un langage assez facile à comprendre, et je soulage mon côté voyeur à entendre des histoires qui sont beaucoup plus horrifiantes que la mienne. Je me complais à analyser les profondeurs de la descente aux enfers des hommes, la noirceur de leur misère, et j'espère toujours qu'à la fin ils s'en sortent. J'aime cette émission parce qu'elle expose la réalité de monsieur-madame-tout-le-monde. Elle est très touchante et vient parfois m'arracher difficilement des larmes. En certaines personnes je m'y retrouve.
Ces gens ne se sont pas rendus à ces issus par le biais du hasard, non c'est le fruit d'un passé lourd de toutes sortes de choses : abus, indifférence, abandon, violence, orientation sexuelle. Ils se saoulent au rince-bouche menthe ou aux désinfectants pour les mains à la vue de leurs enfants, inhalent des gazs déstinés au nettoyage des ordinateurs. Les plus riches vont gober des gallons d'alcool fort à chaque jour, les plus belles vont se prostituer pour se payer la précieuse poudre à s'injecter dans les veines plusieurs fois par jour. Certains ont connus la gloire dans les sports ou en musique et n'ont pas été capables de dealer avec la descente. La déchéance totale. Certaines de ces émissions me donnent parfois moi aussi l'envie de sombrer dans l'alcool, parce qu'elles me ramènent à moi-même, à mon histoire à moi. Parce que des merdes comme celles-là en-dedans de moi il y en a.
Plusieurs personnes ont carrément eu une enfance horrible, et quand je regarde ma petite fille, je ne peux m'empêcher de penser que plusieurs petits bébés de son âge sont abusés ou martirisés carrément. Certains autres n'ont même jamais été aimés.
Comment on peut mener une vie d'adulte si on ne nous a pas aimé ?
vendredi 2 juillet 2010
Vices
On a tous un côté sombre, un côté laid et vulnérable. On le cache, on l'étouffe, on voudrait qu'il nous sorte du corps, l'extirper de nos entrailles, le vomir de notre bouche. Mais il est là pour rester et on doit apprendre à vivre avec.
Certains essaient de l'acheter, d'autres de le jouer. Certains le boivent, d'autres se l'injectent dans les veines. Certains vont consommer la chair comme de la viande crue, d'autres vont essayer d'être des personnes qu'ils n'ont pas eu la chance d'être. On est comme ça l'humain, jamais assez, toujours plus, encore plus, plus jamais. Que ceux qui osent s'opposer aillent se cacher.
On garde ce côté bien gentiement camouflé. On le dissimule derrière notre belle maison payée 150 000$ joliement décorée et qui fièrement repose sur un terrain de 75 000$ payé à crédit, on sort de cette maison et on se cache vite dans notre belle voiture de 25 000$, on va manger dans les restos qu'on peine à se payer et on laisse un généreux pourboire au serveur pour qu'il sache que nous on a réussi dans la vie. On passe des heures dans les salles de gym à essayer d'atteindre ce fameux poids-bonheur, cette silhouette qui nous donnera la confiance et le regard tant approbateur des autres, on dépense des milliers de dollars -à crédit- dans tous ces petits pots de crème et de couleurs qui nous promettent jeunesse éternelle et amour. Vanité. L'humain est tellement préoccupé par son apparence lorsqu'il sort dans la rue, qu'il oublie que cette même personne de qui il peine le jugement est elle aussi trop hantée par la peur de se que l'autre pense, pour prendre le temps de juger cette dite personne. Enfin.
Son pire ennemi, c'est soi-même. Ce soi qu'on aime oui, qu'on déteste parfois, qu'on veut changer trop souvent, qu'on voudrait voir disparaître, qu'on cherche à comprendre, qu'on peste, qu'on étourdi, qu'on cache. Fondamentalement insatiable. Les vices sont l'oeuvre de la misère humaine. Ils nous aident à passer au travers le quotidien, les épreuves. Ils sont nos amis. On les aime et on ne veut pas s'en défaire. On les aime parfois plus que nos amis humains, que notre famille, que notre compagnon de vie. Ils sont puissants, attrayants, exutoires.
Les vices éveillent en nous des sentiments complètement antonymes, et l'humain ne pourra jamais s'en défaire.
Certains essaient de l'acheter, d'autres de le jouer. Certains le boivent, d'autres se l'injectent dans les veines. Certains vont consommer la chair comme de la viande crue, d'autres vont essayer d'être des personnes qu'ils n'ont pas eu la chance d'être. On est comme ça l'humain, jamais assez, toujours plus, encore plus, plus jamais. Que ceux qui osent s'opposer aillent se cacher.
On garde ce côté bien gentiement camouflé. On le dissimule derrière notre belle maison payée 150 000$ joliement décorée et qui fièrement repose sur un terrain de 75 000$ payé à crédit, on sort de cette maison et on se cache vite dans notre belle voiture de 25 000$, on va manger dans les restos qu'on peine à se payer et on laisse un généreux pourboire au serveur pour qu'il sache que nous on a réussi dans la vie. On passe des heures dans les salles de gym à essayer d'atteindre ce fameux poids-bonheur, cette silhouette qui nous donnera la confiance et le regard tant approbateur des autres, on dépense des milliers de dollars -à crédit- dans tous ces petits pots de crème et de couleurs qui nous promettent jeunesse éternelle et amour. Vanité. L'humain est tellement préoccupé par son apparence lorsqu'il sort dans la rue, qu'il oublie que cette même personne de qui il peine le jugement est elle aussi trop hantée par la peur de se que l'autre pense, pour prendre le temps de juger cette dite personne. Enfin.
Son pire ennemi, c'est soi-même. Ce soi qu'on aime oui, qu'on déteste parfois, qu'on veut changer trop souvent, qu'on voudrait voir disparaître, qu'on cherche à comprendre, qu'on peste, qu'on étourdi, qu'on cache. Fondamentalement insatiable. Les vices sont l'oeuvre de la misère humaine. Ils nous aident à passer au travers le quotidien, les épreuves. Ils sont nos amis. On les aime et on ne veut pas s'en défaire. On les aime parfois plus que nos amis humains, que notre famille, que notre compagnon de vie. Ils sont puissants, attrayants, exutoires.
Les vices éveillent en nous des sentiments complètement antonymes, et l'humain ne pourra jamais s'en défaire.
Inscription à :
Articles (Atom)