L’être humain est ainsi fait, qu’il considère tout ce qu’il voit comme permanent, et tout ce qu’il a comme acquis. L’enfant humain pense que ce qu’il peut toucher lui appartient : sa mère, sa doudou, les jouets du copain au bac à sable…. et normalement (normalement), en grandissant, il fait l’expérience que peu de choses lui appartiennent en propre.
En vieillissant, l’humain fait l'expérience douloureuse que peu de choses lui appartiennent, et qu’il faut faire des efforts pour posséder. Parfois son Karma le pousse même à découvrir que ce qu’il a difficilement acquis peut disparaître également. La vie est une succession de deuils, de séparations diverses : ainsi fait-on l’expérience spirituelle la plus importante qui est censée nous préparer au grand final.
L'impermanence des choses et des êtres
L’impermanence est l’un des Quatre Sceaux du Dharma.
C’est un des apprentissages fondamentaux de l’existence. Chacun d’entre nous, être et chose est amené à disparaître. Cette acceptation s’appelle « lâcher prise » . Elle nous permet de mieux appréhender le monde et de mieux nous y adapter en grandissant chaque jour vers l’éveil spirituel.
Le monde physique est impermanent par nature. Et les sentiments, fruits de l’égo et de l’esprit le sont aussi. Voilà, le cadre est posé.
Quel rapport entre la leçon spirituelle et la séparation ?
Bah si, c’est fastoche !
On se lance dans une histoire d’amour, on sait que « par nature » elle peut ne pas être « définitive ». On le sait, et on essaie de rester vigilant, mais petit à petit, on établit des fondations que l’on croit solides. Chaque réalisation du couple se transforme en ciment : le mariage, la conception des enfants, l’achat d’une habitation, d’une voiture, des vacances au bout du monde, des associations professionnelles, des amis communs…
On finit par ne plus avoir peur.
L’autre est là, quoi qu’il arrive, même quand on montre notre côté sombre.L’autre est là… sans pourtant être vraiment là : juste comme une chose posée dans notre vie. Mais… elle nous appartient. Ce n’est pas vrai, bien sur. Mais en tous cas, c’est souvent ce que l’ego aime croire. Il s’en persuade tellement fort, que même quand tout fout le camp, il reste accroché à l’autre comme une bernicle sur un rocher à marée basse.
L’autre est là, et il est trop bien installé pour s’enfuir.
L’autre est là, il est à moi…..
Comment ça, rien n’est permanent ? Et notre relation alors ? Crois-tu que je vais te laisser partir et appartenir à une autre? Tu ne me conviens pas mais TU ES A MOI !!!
Tu es à moi….. Pourtant, l‘impermanence est là, sous nos yeux, il n’y a qu’à en cueillir les preuves.
- Tu n’es plus celui/celle que j’ai connu
- J’ai changé, et je n’ai plus envie de faire/d’être comme avant
- Mes sentiments ne sont plus aussi passionnés
- Tu n’es plus aussi beau/belle/jeune qu’avant
- Je n’ai plus autant envie de toi/tu n’as plus autant envie de moi
- Je te supporte beaucoup moins bien
- Etc…
Les personnes meurent, et l’amour parfois aussi.
Mais malgré ces preuves, on continue pourtant à s’accrocher. Jusqu’à ce qu’on lâche prise : obligé de continuer à vivre.
Impermanence des sentiments et lâcher prise
Ça y est, le mot est jeté : lâcher prise.
Accepter l’impermanence et en prendre son parti, sans souffrir. Elle est belle la blague. Vous y arrivez vous à voir ce couple dans lequel vous avez investi tous vos rêves et vos idéaux partir en fumée, sans pleurer ?
Moi je n’y arrive pas…
- Je sais que ce n’est plus possible, que ce couple est toxique pour moi. Pourtant, je n’arrive pas à lâcher….
- Je sais que le changement est positif, que derrière l’épreuve, il y aura du soleil. Pourtant, je n’arrive pas à lâcher.
- J’ai peur de perdre une situation que je connais et que j’ai l’illusion de maîtriser.
- J’ai peur d’admettre qu’il ne m’aime plus (et mon ego se cabre…. comment c’est possible de ne plus aimer la personne tellement exceptionnelle que je suis? )
- J’ai peur qu’il donne à une autre, ce que de toute façon il n’a pas su me donner….
- J’ai peur du changement, peur de l’espoir…. peur d’être déçue
- J’ai peur de la solitude
- J’ai peur aussi de ne pas y arriver seule…
Se séparer, ou mourir à l'illusion
Se séparer, …. c’est faire le deuil du conte de fée … faire le deuil du rêve : « élever ses enfants dans une famille unie ». Faire le deuil du rêve « vieillir ensemble en regardant des couchers de soleil ». Faire le deuil du NOUS qui m’allait si bien en me protégeant comme un costume de mardi-gras. Oui se séparer ça fait mal, comme un enterrement. Amusant comme on enterre sa vie de jeune fille, mais jamais sa vie d’épouse…. preuve que ce deuil là est impossible ou au contraire qu’il se balaie d’un geste de la main, comme on gomme son nom d’épouse sur la carte d’identité ? Oh, des illusions il y en a d’autres qui arrivent derrière…. comme celles de refonder une famille, refaire des enfants,
Bref se séparer, c’est faire cette expérience spirituelle étrange de l’impermanence : voir sa vie construite pas à pas s’effondrer en un clin d’oeil à coup de marteau sur le bureau du juge. C’est apprendre de manière totalement empirique que le changement peut être bénéfique et salvateur, qu’on peut compter sur soi-même, qu’on a toutes les cartes en main pour VIVRE… enfin.
Finalement, se séparer, c’est une sacrée leçon de philo : et là, je crois que j’ai 20/20 !!! enfin sur la compréhension du thème… après, on pourra me retirer des points sur la mise en forme, l’encre qui bave sous les larmes, et quelques tournures de phrases pas très respectueuses. Bon, il y a probablement des moyens moins difficiles d’aborder l’impermanence. Mais puisque notre conscience est créatrice, que nous créons à chaque instant les conditions de vie nécessaires à notre évolution spirituelle, je n’ai pas d’autre choix que de m’incliner, d’applaudir et de dire merci.
Je concluerai avec deux citations.
La première fois que je me suis séparée, j’en suis arrivée à la conclusion suivante : Rien n’est jamais définitif, ni définitivement acquis, ni définitivement perdu.
Aujourd’hui voici ma conclusion : Rien n’est jamais définitif, rien ne dure vraiment…. et heureusement !
« Rien ne dure toute la vie, pas même vos soucis. » Arnold Glasow
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