jeudi 2 septembre 2010

Grands bonheurs d'occasion

La vie est un éternel recommencement. Dormir, remplir le frigo, laver les vêtements, dépousiérrer le plancher, brosser ses dents, payer ses comptes. Non mais est-ce moi ou bien on ne fini jamais de finir avec les responsabilités ? Huit heures de travail par jour, cinq jour sur sept, pour être en paix avec nos fournisseurs d'hypothèque, d'électricité et d'internet, pour pouvoir troquer quelques billets contre de la nourriture, pour pouvoir s'offrir un peu de bon temps. Parce que nos moments de bonheur, vous admettrez qu'on les paient très chers !

Je ne parle pas des petits bonheurs du quotidien ici : comme rire d'une bonne blague faite par un collègue, manger un yogourt à dix pourcent de matières grasses, écouter la télé collé sur son amoureux -si la température le permet!-, entendre le rire de son enfant ou boire une bonne bière le vendredi. Non je parle de vrais moments qui nous font nous dire : «Wow, c'est pour ça que je me lève chaque matin pour aller travailler, que je cours partout pour que personne ne manque de rien dans ma maison, et que malgré les épreuves j'ai envie de continuer à faire tout ce que je dois faire».

Non je parle ici d'un week-end dans une auberge avec son amoureux, d'un repas à deux cent dollars dans un resto qu'on convoite depuis longtemps, d'une demie-journée dans une maison de soins de santé, d'un voyage d'une semaine en Jamaïque, de l'accouchement de son bébé au terme d'un neuf mois parfois difficile, de l'achat de la voiture de ses rêves, d'un deux semaines de vacances en juillet tant attendu, d'une petite virée magasinage à New-York entre copines. Vous voyez ? Ce genre de trucs qui vous transportent et où vous vous sentez pleinement heureux. Le genre de trucs qu'on ne peut pas s'offrir très souvent, par manque de temps ou d'argent.

Vous me direz que c'est justement parce qu'on n'y a pas accès comme dans un all-you-can-eat, qu'on les apprécie autant. Vous avez raison. Absolument. Reste qu'une fréquence un petit peu plus majorée ne serait pas exagérée, non ? Parce que si je me fie à mon entourage, on est pas mal tous dans le même bateau !

Mon petit bonheur malgré tout il me plaît. J'ai la chance de vivre avec un homme qui me fait rire quotidiennement, d'avoir une belle maison, de ne pas être stérile et d'avoir mis au monde la plus belle petite fille de la terre, d'avoir un emploi stimulant, d'avoir un certain pouvoir d'achat, de ne pas être trop laide non plus. J'aimerais en avoir plus, parfois. Puis lorsque je me compare, je me trouve bien.

Je suis une fille moyenne, sur plusieurs plans. Je n'ai pas le sex appeal de Paris Hilton, mais je n'ai pas sa tête qui me semble assez vide non plus. Je n'ai pas la popularité qu'a eu Michael Jackson, mais j'ai la chance de vivre incognito sans être obligée de louer un supermarché la nuit et d'y payer des acteurs qui m'ignoreront, juste pour savoir que ce que c'est que de faire son épicerie dans le pur anonymat. Je n'ai pas le talent exceptionnel de Tiger Wood, mais je ne verrai jamais toute ma plus secrète vie privée étalée au grand jour dans tous les journaux du monde si jamais je fais un pas dans la mauvaise direction un jour.

Je suis une fille ordinaire qui ne peut pas se payer le luxe des grands bonheurs aussi souvent qu'elle ne le souhaiterait.

Et après tout, ce n'est pas si mal.

1 commentaire:

  1. Ce n'est pas si mal, même excellent! Beaucoup de gens croient que le bonheur c'est d'être riche et célèbre. Foutaise! C'est dans les petits pots que l'on retrouve les meilleurs onguents! C'est les petites choses de la vie qui la rende si spéciale. Et pour les grands bonheur, tout le monde souhaite que ça arrive plus souvent ;)

    RépondreSupprimer